Cette semaine, une délégation d'hommes d'affaires sud-africains était en conclave au Maroc qui leur a déroulé le tapis rouge. C'est là le signe d'une haute maturité diplomatique qui prévaut depuis une quinzaine d'années. En effet, le Maroc a su tirer les enseignements de ses erreurs diplomatiques des années quatre-vingts et quatre-vingt-dix où une muraille se dressait entre le diplomatique et l'économique. À cette époque, il était impensable qu'un homme d'affaires marocain se rende en Ethiopie, ou qu'un businessman de ce pays daigne penser investir au Maroc. Cette muraille a été détruite pierre par pierre par le roi Mohammed VI au prix de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres parcourus de par notre continent. Il fallait consolider nos relations historiques avec nos alliés traditionnels, notamment en Afrique de l'Ouest, mais il était aussi question de percer dans les foyers les plus hostiles au Maroc. C'est cela, la valeur réelle de la diplomatie marocaine en Afrique, c'est creuser dans le marbre plutôt que chercher la facilité. Au bout de plusieurs années, les retombées commencent à se faire sentir. Aujourd'hui, la voix du Maroc se fait entendre partout en Afrique. D'aucuns ont révisé leur position vis-à-vis de l'affaire du Sahara, d'autres ont commencé à mettre de l'eau dans leur vin et se rapprochent de plus en plus de Rabat. Le dernier pays en date est le Rwanda qui s'apprête à ouvrir, pour la première fois, une ambassade à Rabat. Il y a quelques jours, la présidente du Parlement du Burundi, un pays pro-Polisario, était en visite officielle au royaume. Une première. Le Nigeria, le Ghana, le Kenya, l'Ethiopie sont des exemples de pays reconnaissant la pseudo-RASD mais qui développent aujourd'hui avec le Maroc d'intéressants businesses win-win, qui ont fini par réunir les gouvernements de ces pays et leur homologue marocain autour de la même table. Le business est donc l'ingrédient de la politique et de la diplomatie qui requiert du professionnalisme et du sérieux.