Dans cette histoire de remaniements «très» attendus, on use et abuse du mot «compétences», comme si c'était là que résidait la solution magique. Flash-back. Il y a vingt-trois ans, Hassan II décrétait ce qu'on appelait communément le gouvernement bis. Un «club» de profils bardés de diplômes, apolitiques et, disait-on, indépendants. Ils avaient pour mission d'imaginer un Maroc meilleur avec des solutions magiques et surtout réalisables à court terme. Deux ans après, le défunt roi prononçait le fameux discours où il annonçait que le Maroc était au bord de «l'arrêt cardiaque». Près d'un quart de siècle après, on en revient à fonder un espoir sans limite sur une certaine élite de compétences à intégrer dans le système pour apporter de l'énergie à l'action, de la fraîcheur à la politique et surtout des solutions à la morosité économique. Sauf qu'il ne s'agit pas de «supermen» qui vont réaliser des miracles dans une ère où il n'y a point de miracles. Cependant, il n'est pas dit que cette «armée» de compétences que l'on attend avec impatience n'a aucune chance de réussir. Elle peut bien s'acquitter de sa mission à condition d'assurer les prérequis et l'environnement adéquat permettant l'atteinte des objectifs escomptés. Est-ce possible ? Rien n'est moins sûr, surtout que l'on espère des résultats à court terme ! Quand je vois des politiciens évoquer 2021 voire 2022 ou 2023, j'ai envie de leur dire «Arrêtez de prendre les Marocains pour des imbéciles !». Et puis où sont ces compétences devant lesquelles on souhaite dérouler le tapis rouge ? Les partis politiques font tout pour bloquer l'adhésion de cette élite, en lui empêchant l'accès à l'ascenseur social. Ce n'est donc pas aujourd'hui qu'ils vont révolutionner leurs méthodes. Mais qu'est-ce qui a changé aussi pour espérer pousser cette élite à mouiller sa chemise pour la chose publique, dans un environnement marqué par l'opacité et le clientélisme ? Beaucoup de questions pour lesquelles chacun choisira ses «propres» réponses !