La circulation de l'information est l'un des obstacles les plus rencontrés au Maroc, et le droit à l'accès à l'information est bafoué au quotidien. Aujourd'hui, le HCP confirme ce triste constat. Ahmed Lahlimi, patron de cette institution officielle, a lancé cette semaine un gros coup de gueule contre les établissements publics qui rechignent à lui fournir les données statistiques lui permettant de s'acquitter de sa mission convenablement. Voilà un fait que vivent, au quotidien, les Marocains (société civile, médias, entreprises, etc.), mais de là à empêcher l'accès à l'information à l'organe chargé de l'élaboration des statistiques du royaume, dont le haut commissaire est nommé par le roi...c'est à n'y rien comprendre ! On sait que les sorties du HCP dérangent le gouvernement, notamment quand il produit des statistiques ou des prévisions qui contredisent ceux de l'Exécutif. Néanmoins, sa mission n'est pas, justement, de plaire au gouvernement, mais de produire des données en toute indépendance. C'est pour cela d'ailleurs que sa nomination n'est pas du ressort du chef de l'Exécutif. Ne pas avoir compris le rôle de cette institution en 2019 est gravissime. En tout cas, cette sortie salutaire confirme aujourd'hui, aux femmes et hommes des médias, que nous ne sommes pas les seuls à souffrir de cette situation ; il faudrait creuser et croiser une information avant de la livrer au grand public. Une autre manie est à déplorer chez nos hauts responsables, non des moindres : c'est ce mode «en off» de plus en plus privilégié face aux questions des journalistes, au lieu de répondre aux sollicitations des médias officiellement et librement, ce qui altère la crédibilité et la qualité de l'information. Lahlimi, pour qui ces établissements publics se replient dans leur tour d'ivoire, a ainsi jeté un pavé dans la mare. Peut-être arrivera-t-il à rappeler à ce beau monde le caractère constitutionnel de l'accès à l'information.