Mohamed Benchaâboun, ministre de l'Economie et des finances, s'est lâché lors de la Commission parlementaire des finances et a dû ôter son gant de velours pour défendre son PLF 2020. Et pour cause, certains parlementaires oublient parfois qu'ils ont le devoir de défendre les fonds publics et leur bon usage et qu'ils n'ont pas été investis d'un mandat de parlementaire pour être aux petits soins d'une catégorie restreinte de citoyens. Contexte: certains parlementaires ont demandé la baisse de l'impôt sur la société pour les entreprises opérant dans l'export au motif de préserver leur compétitivité. Benchaâboun, résolument décidé, a expliqué que la compétitivité n'est pas hypothéquée par un IS à la base réduit à 15%, et qu'il n'existe nul part au monde un secteur porteur non imposable. L'argentier du royaume enfonce le clou en expliquant que ces entreprises gagnent déjà de l'argent; c'est pourquoi on parle d'IS, et ils ne s'appauvriront pas s'ils gardent 85% de leurs bénéfices au lieu des 100%. Sur le fond de ce débat, on comprend bien la mentalité de certains investisseurs qui veulent tout avoir et rien lâcher! Un homme d'Etat avait exprimé un jour son étonnement quant au comportement de certaines couches sociales aisées qui rechignent à s'acquitter de leurs contributions fiscales. Et d'ajouter qu'ils doivent comprendre que la solidarité sociale leur garantit la stabilité et la sécurité de leur fortune. Il est déplorable que d'aucuns essayent d'extorquer l'Etat par n'importe quel moyen, faisant preuve d'une cupidité maladive et trouvant en fin de compte qui les défende au sein même de l'hémicycle! Le comble de l'hypocrisie, c'est que certains plaident pour un impôt sur la fortune et, en même temps, font tout pour exonérer tout un secteur d'impôts nonobstant la rentabilité de ses opérateurs. L'export dispose de toute une batterie d'incitations qu'il ne faudrait pas ériger en rente perpétuelle.