Notre confrère Essor vient de publier la deuxième édition de son classement des 1.000 plus grandes PME. Une initiative intéressante à plus d'un titre, en l'absence d'un véritable baromètre pour mesurer les performances de cette frange du tissu entrepreneurial, considérée comme moteur de croissance pour les prochaines années. D'emblée, nos confrères annoncent le ton : contrairement à l'édition 2008, le chiffre d'affaires demeure le seul indicateur chiffré, et ce afin de ne pas «biaiser» les résultats. En outre, le fait de se focaliser sur les 200 premières sociétés de chaque catégorie de classement (chiffre d'affaires, croissance, et rendement) permet d'intégrer ces sociétés dans l'intervalle de CA nouvellement adopté, soit entre 75 et 100 millions de DH. Ainsi, pour le classement en matière de chiffre d'affaires, le podium est dominé par Top Computer, opérant dans l'informatique, les NTI et les télécoms, et dont le CA 2008 s'élève à 99,71 millions de DH. Elle est suivie en cela par la société des établissements Tremolede (cuir, textile et habillement) qui totalise un CA de 99,65 millions de DH. Le Top 3 est clôturé par Simapel (industrie électronique et électrique) avec 99,52 millions de DH. Au niveau du Top 3 croissance, la société Foncière Star (promotion immobilière) dégage un taux d'évolution de 981,8%. La Conserverie des aliments composés arrive en deuxième position avec 814,4% de taux de croissance. La société Platmar vient en troisième position, avec un taux de 802%. Quant au Top rendement, il est dominé par Générale Touristique (71%), Concepto Construction (68%) et Société Afrique Dinde (64,5%). Qui a parlé de crise ? Un autre constat qui se dégage est que les PME semblent ignorer la crise. En effet, les entreprises en tête du podium font étalage de progressions hallucinantes. Ce qui a conduit les auteurs du classement à garder uniquement les PME dont les augmentations de CA sont inférieures à 1.000%. Ces marges d'évolution sont propres aux PME, notamment les plus petites d'entre elles. En fait, afin de mieux cerner ce classement, il faut prendre en considération deux indicateurs : en effet, certaines PME figurant dans le Top 200 sont nouvellement créées. Partant, leur chiffre d'affaires peut progresser de manière exponentielle pendant leurs premières années d'existence. En outre, il y a également l'effet fusion-acquisition entre deux PME. Un aspect sur lequel a insisté récemment Ahmed Réda Chami, ministre du Commerce et de l'industrie, lors d'une conférence consacrée à la présentation d'une étude sur le baromètre de la transmission des entreprises au Maroc. Chami a souligné «l'absolue nécessité pour les entreprises marocaines familiales et de taille moyenne de fusionner pour faire face à la concurrence internationale impitoyable». Lecture à plusieurs niveaux Le classement opéré par Essor suggère une lecture à plusieurs niveaux. Ainsi le Top 200 de la croissance répond au nom de Foncière Star. Une société de promotion immobilière à Casablanca, dont le CA a été presque décuplé en une année, pour s'élever à 59 millions de DH. Une performance qui place cette entreprise à la 386e place du Top 1.000. Notre confrère remarque que, «pour ce genre d'entreprises, la mutation d'activités se fait en un claquement de doigts. Il suffit d'un gros contrat, d'une affaire extraordinaire ou d'un nouveau projet lancé pour que la tendance de l'activité de la société connaisse une progression fulgurante». Par ailleurs, le fait que le leader du classement croissance appartienne au secteur de la création immobilière ne veut pas dire que cette activité est la plus récurrente. Seulement 15 entreprises opérant dans ce secteur sont classées dans ce recueil. Moins que le bâtiment et les matériaux de construction, représentés dans le classement de la croissance avec 40 PME. L'impact des obtentions de marché se constate bien plus au niveau de cette activité. En effet, une entreprise nouveau-née peut bien décrocher le marché d'une route ou d'un ouvrage de génie civil qui occasionne une augmentation considérable de son chiffre d'affaires. C'est en l'occurrence le cas de Matrag, dont le CA a augmenté de 702% en une année pour atteindre les 40 millions de DH, alors qu'il n'était que de 5 millions une année auparavant. Il n'en demeure pas moins que les fortes progressions des entreprises immobilières biaisent le classement, «leurs performances fulgurantes faisant de l'ombre à celles des sociétés structurées», confirme-t-on chez Essor. Cependant, le secteur du commerce demeure le plus représenté dans le classement de la croissance, puisqu'il concerne plus du tiers des entreprises présentes dans le Top 1.000. Et même au niveau des dernières places du Top 200, la croissance est toujours aussi fulgurante. En effet, les deux dernières sociétés qui figurent dans le classement opèrent dans le transport. Il s'agit de Kenibat, dont le CA a augmenté de 66,6%, et de Karama bus, pour qui la performance s'élève à 68,6%.On constate que de manière générale la grande majorité des entreprises présentes dans le Top 200 ont doublé leur chiffre d'affaires par rapport à 2007. Mais cela ne concerne pas toutes les activités. Le classement brille par la quasi-absence des activités industrielles. Ce qui voudrait dire que «tout comme la rentabilité, le CA des PME industrielles évoluerait donc à un rythme plus raisonnable», indiquent nos confrères d'Essor. Le secteur de l'agroalimentaire reste tout de même assez bien représenté, avec 23 structures figurant dans le classement. Une résultante de la bonne campagne agricole de 2008. La SARL préférée à la SA Au niveau de la forme juridique, la SARL reste dominante chez les PME, notamment à cause de la dimension de l'entreprise et de sa capacité limitée en termes de production et d'investissement. La SARL reste également la forme préférée à cause de la facilité de constitution de la société. Il suffit de réunir 10.000 DH de capital. Par ailleurs, ce genre de société échappe aux obligations de certification de comptes et de publicité des infos. Cependant, cette situation favorise également le manque de transparence qui caractérise l'activité des PME et l'opacité qui sévit au niveau de leurs comptes et leurs résultats. En 2008, sur les 1.000 PME classées, seules 270 avaient adopté la forme de la SA. Une forme qui reste privilégiée par les sociétés exportatrices, notamment en textile ou en produits agricoles. Par la force des choses, les sociétés cotées en Bourse sont également des SA. Les multinationales optent également pour cette dernière forme, compte tenu de leurs obligations de transparence et de reporting. Pour le classement 2009, le constat est de 760 SARL contre 340 SA. Sur les 340 SARL, 89, soit 12%, sont à associé unique. Forme qui permet à des entrepreneurs uniques de créer des structures qui adoptent le même mode d'organisation qui prévaut dans la SARL. Paroles de dirigeants Dix ans de gestion urbaine et périurbaine à Marrakech ont permis à Alsa Transports de se forger une expérience non négligeable dans le transport en commun. Elle a été classée 14e dans le palmarès et ne compte pas s'arrêter à si bon port. « En mai dernier, Alsa a été déclarée adjudicataire provisoire du contrat de gestion déléguée du transport en commun d'Agadir. Actuellement, le contrat est en cours de validation », signale Alberto Perez, DG de la société. Le cas Trarem Maroc est des plus intéressants. La société, qui a failli être la dernière recrue de la Bourse de Casablanca, est classée 55e dans le palmarès global. Elle fabrique des meubles de bureau, en partenariat avec de grandes références dans ce domaine. Sa production compte une large gamme de produits. « Cela nous permet de répondre exactement aux besoins de nos clients, de la plus petite PME ou TPE jusqu'au grand compte le plus important », souligne Samir Bennis, directeur marketing de Trarem. Motex Maroc, référence sur le marché du tapis et de la moquette, est classée à la 71e place. Elle continue de résister à la contrebande qui gangrène son secteur d'activité. «On existe toujours, et notre production continue », commente Othmane Bennani, responsable Marketing de la société. Celle-ci a déjà présenté ses produits sur le marché étranger, notamment en Europe ou dans les pays du Golfe. Le number one du palmarès de cette année a de quoi être fier. Top Computer importe et distribue la marque d'ordinateurs Acer, en axant sa politique sur les grands magasins en tout genre. «Nous bénéficions de notre proximité avec le réseau BestMark, mais nous ciblons également de grands réseaux tels que Marjane», indique Oussama El Ghissassi, Directeur général.