Levée de rideau ce soir, sur la 18e édition du Festival des musiques sacrées de Fès. C'est dans le lieu mythique de Bab Al Makina qu'aura lieu le spectacle d'ouverture de cet événement prestigieux. Il s'agit d'une création du festival mise en scène par le célèbre cinéaste français Tony Gatlif à travers laquelle un hommage appuyé sera rendu à l'un des plus grands écrivains et poètes perses, Omar Khayyâm. Il faut dire que cette édition intitulée «Réenchanter le monde» est dédiée à Khayyâm. Mathématicien et astronome, ce dernier, habité d'une véritable quête mystique, traduit sa vision de l'existence, de Dieu et de l'éternité dans des poèmes hallucinants de beauté. Ses fameux quatrains «Rubaïyat» traverseront les siècles. Ils demeurent, source d'enchantement pour bon nombre d'écrivains, de poètes, d'artistes et de lecteurs à travers le monde. Face à l'ambition du pouvoir, à la voie de l'anarchie et à la quête souterraine, il propose la philosophie sereine et heureuse d'une vie tournée vers le moment présent et la lumière. Tant d'éléments qui seront sans aucun doute présents dans la création de ce soir, la deuxième après celle de l'année dernière, «Leylâ et Majnûn ou l'amour mystique». Des artistes de renom «En créant des spectacles, notre festival devient ainsi producteur de culture et non seulement consommateur. C'est une stratégie que nous adoptons pour promouvoir la créativité», nous a affirmé le directeur général de la fondation Esprit de Fès, Faouzi Skali. Outre cette création tant attendue, le public de la capitale spirituelle, aura droit ce weekend à des spectacles hauts en couleurs, proposés par des artistes confirmés. Ainsi, le musée Batha, véritable temple d'érudition, abritera demain samedi un concert de l'ensemble hongrois, Gipsy Sentimento Paganini. Archie Shepp, Gospel & Blues Ensemble plongera les spectateurs, samedi soir, dans l'univers des chants spirituels américains. Dimanche, un voyage à travers les chants soufis est proposé aux festivaliers par l'Egyptien Sheikh Yasin al-Tuhami. Le soir, un concert du Sama (chant spirituel) est programmé, transportant les spectateurs dans un univers mystique. Bref, le ton de la 18e édition du Festival des musiques sacrées de Fès sera donné dès ce weekend. Une nouvelle édition qui s'annonce variée : création originale, programmation éclectique, artistes prisés par le public... Avec cette nouvelle programmation, Faouzi Skali consolide la place qu'occupe le Festival des musiques sacrées de Fès dans l'échiquier artistique national et international. Toute la semaine donc, Fès vibrera aux rythmes de mélodies éclectiques, venues de différents horizons. Jeudi le grand Wadie El Safi se produira aux côtés de son fils Antoine, pour le plus grand bonheur des mélomanes. La soirée sera animée également par le Tunisien Lotfi Bouchnak. Vendredi, c'est l'Islandaise Bjork qui sera la vedette. Quant à la soirée de clôture du Festival, elle sera assurée par l'artiste américaine Joan Baez, que l'on ne présente plus. De la musique et des débats On ne peut pas parler du Festival des musiques sacrées de Fès sans évoquer le Forum de Fès, qui aura lieu cette année du 9 au 12 juin. Organisé autour du thème «Réenchanter le monde», ce forum discutera à travers des conférences de plusieurs questions déterminantes. «Le poète et la cité», «Après le Printemps arabe, quel avenir ?», «Spiritualité et entreprise», «Crise financière ou crise de civilisation ?», «Pour une politique de civilisation», sont entre autres quelques sujets qui seront débattus lors de ce forum qui verra la participation de bon nombre de personnalités, notamment Edgar Morin, Véronique Rieffel, Jean François de Lavison et Tariq Ramadan. Il faut dire que la fondation Esprit de Fès s'est fixée comme objectif de «contribuer d'une certaine façon à une production et à un développement de civilisation, dans le sens où celle-ci n'est pas seulement une réalité du passé, mais aussi une réalité à construire». D'ailleurs, Faouzi Skali n'a jamais cessé de le confirmer : «C'est à travers les manifestations culturelles, à l'instar du Festival des musiques sacrées, du Forum de Fès ou encore du Festival dans la ville, que l'on peut inviter la jeunesse à participer à la vie culturelle de notre pays». Les festivités investiront d'autres lieux de la ville, notamment Bab Boujloud. En effet, «Le Festival dans la ville» rassemble lui aussi les grandes traditions musicales du sacré, les musiques spirituelles et les musiques du monde. Des concerts gratuits et plus orientés grand public sont programmés. À ces concerts quotidiens, il faut également rajouter ceux plus spirituels appelés, «Les soirées soufies» prévus dans les jardins de Dar Tazi. Ces concerts seront animés notamment par Yulduz Turdevia (Ouzbékistan), Idir (France / Algérie), Fouad Zbadi (Maroc) ou encore Badr Bami (Syrie). Bref, tous les ingrédients sont réunis pour que cette nouvelle édition soit une réussite.
