L'échec de Copenhague n'aura pas fait que des mécontents. «Il y a des moyens de réduire les émissions de CO2 sans arrêter la consommation d'énergies fossiles», a déclaré à Luanda le ministre de l'Energie saoudien, Ali Al Naimi, en marge de la réunion des 12 pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Ainsi, les ministres de l'Energie des pays producteurs ont estimé que l'instauration d'une taxe carbone aurait eu un effet néfaste sur leur production, et se sont par la même occasion félicités que le sommet mondial des Nations unies sur le climat n'ait pas abouti à une mesure aussi contraignante. À défaut, la limitation à 2°C de la hausse des températures mondiales ne sera pas sans effet sur la consommation d'énergies fossiles, bien que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) ait estimé qu'en cas de restriction des émissions de CO2 à 450 parties par million (ppm), les pays de l'OPEP verraient leurs revenus, qui s'élèvent à 4.000 milliards de dollars, baisser de 16% à l'horizon 2030. Cependant et compte tenu de l'évolution des cours du pétrole, ces mêmes pays assureraient des revenus de 24.000 milliards de dollars, soit quatre fois plus que le revenu engrangé sur la période 1985-2007. Du côté de l'OPEP, on tient quasiment le même discours, mais en sens inverse. Les membres du cartel pétrolier affirment que les pays consommateurs bénéficient tout autant de la manne de l'or noir, notamment à travers les taxes perçues qui s'élèvent à 3.400 milliards de dollars. Le pétrole, oui, mais autrement «Les attentes sociétales sur le climat sont réelles» reconnaît Khaled Al Falih, président du géant pétrolier Saudi Aramco. S'il y a consensus sur la question, les pays producteurs ont toutefois une approche différente, qui permet de prendre en compte la dimension environnementale sans pour autant être pénalisés financièrement. Parmi les pistes proposées, une utilisation différente des ressources pétrolières. Au lieu de l'utiliser comme simple combustible, les membres de l'OPEP ont proposé de développer la pétrochimie, à l'instar de Saudi Aramco, qui vient d'inaugurer un complexe de pétrochimie en vue de produire des matières plastiques. Cette nouvelle orientation se comprend mieux à la lumière des changements que connaît la carte des flux pétroliers, les analystes étant unanimes quant à l'augmentation de la demande de pétrole des pays asiatiques, contre un repli dans les pays riches. L'espoir reste toutefois permis, le développement d'énergies propres étant également à l'ordre du jour, les Saoudiens de même que les Emiratis creusent le filon du solaire à travers des joint-ventures conclues avec des partenaires internationaux. À Abou Dhabi, Masdar City deviendra, en 2015, le prototype de la ville à zéro émission carbone.