Selon la Trésorerie générale du Royaume, les recettes ordinaires ont bondi de 16,4% pour atteindre 340 MMDH, portées par la vigueur de l'impôt sur les sociétés et de la TVA. L'impôt sur le revenu, les droits d'enregistrement et les recettes non fiscales contribuent également à cette dynamique. Mais face à cette performance, les dépenses progressent de 12,2%, tirées par la hausse de la masse salariale, des transferts publics et de l'investissement. Le déficit du Trésor se creuse à 55,5 MMDH, dans un contexte de croissance soutenue mais de pressions budgétaires persistantes. Les recettes publiques confirment leur vitalité. À fin octobre 2025, la Trésorerie générale du Royaume relève une hausse globale de 16,4%, portant le total des recettes ordinaires à 340 MMDH, contre 292 MMDH un an plus tôt. Une progression soutenue qui illustre à la fois la solidité de la reprise économique et l'efficacité accrue de la collecte fiscale. Car les recettes fiscales constituent le principal moteur de cette performance. Elles atteignent 296,5 MMDH, soit 41,8 MMDH de plus qu'en 2024. Dans le détail, l'impôt sur les sociétés (IS) bondit de 30,7%, stimulé par l'amélioration des résultats des entreprises et par l'opération de régularisation volontaire prévue par la Loi de finances 2024, qui a rapporté 3,8 MMDH. De son côté, l'impôt sur le revenu (IR) progresse de 15,8%, tiré par la hausse des revenus salariaux et immobiliers. Les recettes issues des profits immobiliers augmentent de 22,3%, signe d'un regain d'activité sur le marché du logement. La TVA reste la première source du budget de l'Etat, avec 79,3 MMDH, en croissance de 9,6%. La TVA à l'intérieur progresse de 12,2%, tandis que celle sur les importations gagne 8,3%, portée par la vigueur de la demande intérieure et la reprise des importations. Les droits d'enregistrement et de timbre atteignent 19,4 MMDH, en hausse de 10,9% et confirment l'élan du secteur immobilier et la reprise des transactions. Recettes non fiscales en hausse Les recettes douanières augmentent de 9,5%, tirées par la taxe intérieure de consommation (TIC) sur les produits énergétiques, en forte hausse de 17,5%. Les droits de douane gagnent 4,9%, tandis que la TVA à l'importation enregistre un bond de 4 MMDH sur un an. Du côté des recettes non fiscales, la tendance est tout aussi positive, avec une hausse de 16,2%. Ces recettes totalisent 43,5 MMDH, soutenues par les versements des comptes spéciaux du Trésor (18,7 MMDH) et des monopoles publics (16,1 MMDH). Les contributions de Bank Al-Maghrib (4,1 MMDH), de l'OCP (6,2 MMDH) et de l'Agence de la conservation foncière (4 MMDH) en constituent les principales composantes. En revanche, aucune recette de privatisation n'a été enregistrée, contrairement à 2024 où l'Etat avait encaissé 1,7 MMDH au titre de cessions de participations. Les recettes ordinaires couvrent 108% des dépenses ordinaires et une partie des dépenses d'investissement. En d'autres termes, chaque dirham perçu finance non seulement le fonctionnement de l'Etat, mais aussi une part de ses projets d'équipement. Cependant, cette dynamique de recettes s'accompagne d'une hausse sensible des dépenses, ce qui maintient la pression sur le solde budgétaire. Des dépenses en hausse dans tous les postes À fin octobre 2025, les dépenses publiques atteignent 462 MMDH, en hausse de 12,2% par rapport à 2024. Les dépenses de fonctionnement représentent 274,7 MMDH, soit 17,9% de plus sur un an. La masse salariale grimpe de 11,2%, à 150,4 MMDH, preuve du poids croissant du personnel public. De leur côté, les dépenses de matériel et services augmentent de 22,2%, et les charges communes de 40,8%. Cela témoigne de l'intensification des transferts vers les établissements publics et les collectivités territoriales. Pour sa part, la compensation recule de 10,8%, à 10 MMDH, reflet d'un ajustement progressif des subventions sur les produits de base. Les intérêts de la dette, eux, s'élèvent à 40,3 MMDH, en hausse de 13,3%, en raison notamment de la progression de la dette intérieure (+21,4%). En parallèle, les remboursements et restitutions fiscaux atteignent 16,4 MMDH, soit une augmentation de 19,1%. Cette croissance est une preuve de l'effort du Trésor pour apurer les arriérés de TVA et rembourser les entreprises. L'investissement reste un levier de relance Les dépenses d'investissement s'élèvent à 91,6 MMDH, contre 81,6 MMDH un an plus tôt, soit une hausse de 12,3%. Cette progression provient à la fois de la hausse des investissements ministériels (+8,8%) et des charges communes d'investissement (+16,5%). Les grands chantiers d'infrastructures et les programmes territoriaux continuent ainsi d'alimenter la dynamique économique nationale. Malgré cet élan, le déficit du Trésor se creuse, atteignant 55,5 MMDH contre 40,5 MMDH à fin octobre 2024. Le besoin de financement s'établit à 73 MMDH, couvert en partie par le financement extérieur net de 25 MMDH et par un recours modéré à la dette intérieure. Abdelhafid Marzak / Les Inspirations ECO