Alors que le numérique devient un levier incontournable de développement économique et de souveraineté, le Maroc mise sur le renforcement de ses infrastructures stratégiques, au premier rang desquelles les data centers. Organisé par Horizon Press dans le cadre de son cycle Le Cercle des ECO, une table ronde riche en enseignements, tenue en partenariat avec Orange Maroc, a permis de faire le tour d'un secteur en pleine effervescence, à la lumière des échanges entre acteurs institutionnels et industriels de renom. Sous l'impulsion du ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l'administration, le Maroc s'engage résolument dans une nouvelle ère, celle de la Cloud First Policy. Ce principe, au cœur de la Stratégie Digital Morocco 2030 redéfinit la manière dont l'Etat conçoit, planifie et déploie ses services numériques. Comme le souligne Salma Tazi, directrice des Infrastructures Cloud et de l'Offshoring au ministère, «le cloud est l'un des trois catalyseurs de la stratégie. Et justement, pour pouvoir vraiment faire jouer ce levier, nous avons mis en place la feuille de route Stratégie Cloud 2025–2030». Cette feuille de route trace le cap pour les six prochaines années. Le premier axe, et sans doute le plus structurant, concerne la mise en œuvre de la Cloud First Policy, une politique publique ambitieuse qui impose le cloud comme choix par défaut pour l'ensemble des administrations publiques. Dans les mots de Salma Tazi, «aucun investissement ne sera pensé ni effectué sans avoir pensé au préalable à la solution cloud comme une priorité». Cette évolution traduit une véritable transformation de la culture administrative et du mode d'investissement public. Le Maroc rejoint ainsi le cercle des pays qui ont fait du cloud un pilier de leur souveraineté numérique. La politique Cloud First, soutenue par une circulaire du chef du gouvernement, s'imposera progressivement comme un instrument de gouvernance centralisé, garant d'efficacité, de cohérence et de rationalisation des dépenses IT. La concrétisation de cette politique repose sur une architecture institutionnelle solide et sur la création de nouveaux outils de pilotage. Le ministère prévoit la mise en place d'un centre d'excellence du cloud, développé en partenariat avec l'Agence de Développement du Digital (ADD). Ce centre aura pour mission d'élaborer l'ensemble des référentiels techniques qui accompagneront la Cloud First Policy, mais aussi de favoriser l'interopérabilité entre les différentes administrations publiques. Dans la continuité, un observatoire national du cloud sera institué. Il permettra de suivre l'évolution du marché, de mesurer les niveaux d'adoption et d'évaluer la performance des services cloud. Cet observatoire, qui devrait être pleinement opérationnel en 2027, constituera une source essentielle de données et d'analyses pour les décideurs publics et privés. Parallèlement, un vaste programme d'accompagnement des administrations est prévu.