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Salle des marchés à la sauce grecque
Publié dans Les ECO le 18 - 02 - 2010

Jus fraîchement pressés, différents pains aux céréales, café fumant... nous avons mis les petits plats dans les grands ce matin-là, pour accueillir cet économiste de marché renommé. Il vient régulièrement de Londres pour nous présenter les prévisions de son employeur, une grande banque anglo-saxonne. Mais cette fois-ci, au lieu des quelques habitués du rendez-vous semestriel, il y a beaucoup plus de monde qui se presse pour participer au petit-déjeuner de présentation. En effet, notre invité va traiter d'un thème qui rend les traders particulièrement nerveux en ce moment : il est spécialiste du risque souverain, et va certainement nous parler de la Grèce. Tout le monde a déjà les ordres de grandeur en tête. Le bilan de la Grèce s'est nettement détérioré en 2009 : l'économie est en récession, le déficit public s'est aggravé, dépassant les 12%, et la dette publique s'est envolée à plus de 112% du PIB. La situation est peut-être même pire, on soupçonne le gouvernement grec de masquer l'ampleur réelle du désastre. La question cruciale pour nous est maintenant de savoir quelle va être l'évolution de la prime de risque de la Grèce.
La fameuse prime de risque... c'est la mesure ultime par laquelle les marchés financiers évaluent, puis sanctionnent la dette d'un pays. C'est une note qui évolue chaque jour en fonction des dernières données macro-économiques, des décisions gouvernementales ou de tout évènement susceptible d'influencer la perception du risque de défaut. Elle est mesurée par rapport au taux d'intérêt réputé sans risque et surtout, elle détermine à quel taux un pays peut emprunter de l'argent frais sur les marchés internationaux pour financer son développement ou équilibrer son budget. Bien évidemment, plus cette prime est élevée, plus il coûte cher aux pays d'emprunter. Cependant, durant certaines périodes d'incertitude, l'analyse du risque souverain ne suffit pas. La part d'irrationnel devient prépondérante, et la rumeur insidieuse.
Pourtant la Grèce avait rassuré...
Depuis quelques semaines, la peur semble resurgir au sein des pays européens. L'euphorie que les marchés financiers internationaux ont connue en 2009 sous le signe de la reprise semble oubliée, balayée par les craintes d'un défaut de paiement de la Grèce. Pourtant, le 25 janvier, la Grèce avait semblé rassurer les marchés en prouvant sa capacité à lever des fonds. Sa Banque centrale avait annoncé une émission d'obligations à échéance 2015, payant un coupon très attractif de 6,2%, soit quand même 350 points de base (pb), et donc 3,5% de prime de risque au-dessus du taux sans risque. En quelques heures, pour une émission de 8 milliards d'euros, les banques émettrices ont réussi à attirer plus de 25 milliards d'euros de demande. En 20 minutes, nous avons reçu sur le «desk» des sollicitations plus ou moins insistantes pour participer à la bonne affaire. «Tu devrais en prendre, tout le monde participe, les spreads vont s'écraser demain !». Un regard échangé avec mes collègues me confirme que l'on pense bien la même chose. «Non, merci...». Les banques sont sous la menace d'une réforme du secteur par l'administration Obama, la Chine est en train de remonter ses taux pour ralentir son économie et le déficit du Portugal inquiète de plus en plus. Ce n'est pas vraiment une période propice à une prise de risque, et, surtout, j'ai envie de bien dormir ce soir. Nous ne participerons donc pas à la fête.
Placement privé
Deux jours plus tard, au lieu de la hausse annoncée, les obligations grecques s'écroulent et la prime de risque atteint 450 pb. Les rumeurs relaient l'information, qui ne sera jamais confirmée, que la Grèce aurait tenté sans succès de faire un placement privé de 25 milliards d'euros auprès de la Chine. La machine s'emballe, les politiques s'en mêlent et le marché annonce régulièrement des interventions des instances européennes, presque aussitôt démenties par les intéressés. L'euro s'écroule, mon voisin jubile, tandis qu'un autre trader s'énerve, quelques mètres plus loin. Mais revenons à notre petit-déjeuner. Notre fameux économiste n'a eu le temps que de mordiller un croissant et de tremper ses lèvres dans un café, qui à présent doit être froid. Il a tout d'abord présenté devant une assemblée impatiente ses anticipations sur les évolutions des taux d'intérêt et des changes, avant de passer en revue les différentes zones du monde. Je l'interromps pour demander candidement son opinion sur l'évolution du Maroc, sous le regard un peu agacé de collègues dont ce n'est clairement pas la priorité. Il balaye la question de la solvabilité du royaume d'un revers de la main, et de quelques arguments : un environnement politique et social stable, de la croissance, et surtout le fait que le Maroc dispose d'un marché domestique profond qui répond parfaitement aux besoins de financement. La dette extérieure marocaine est très réduite et plutôt difficile à acheter, tant les détenteurs en sont satisfaits. Le spread du Maroc traite autour de 130 pb, bien en deçà de la Grèce, qui arrive enfin sur le tapis... Le ton est docte et rassurant. Selon les agences de rating, la Grèce aurait besoin de 51 milliards d'euros en 2010 pour couvrir son déficit et rembourser sa dette à court terme. Près d'un quart de ses besoins ont déjà été couverts. La Grèce possède par ailleurs une maturité moyenne de sa dette parmi les plus élevées d'Europe, ce qui est plutôt favorable. Quelques arguments plus tard, nous terminons la présentation, plus sereins. Il est clair qu'en période d'incertitude, il est intéressant d'avoir la vision d'un bon économiste, bien plus détaché que nous des contingences quotidiennes des marchés. Finalement, l'avenir n'est pas si sombre.
De retour sur mon desk, je recherche quelques informations sur notre invité, de façon à lire ses récentes publications. Je me connecte sur Bloomberg, le système d'information roi de la finance, qui est aussi le «Facebook» des salles de marchés. Notre économiste est apparemment très impliqué sur les problématiques de risque souverain. Il est même... consultant pour le gouvernement grec.
Le Maroc, victime de son succès ?
Comment les banques, les hedge funds et les gérants d'obligations internationales considèrent-ils la dette marocaine ? Cause-t-elle des inquiétudes durant les périodes de crise sur les marchés ?
La réponse est... pas du tout. Le Maroc est très peu représenté dans les portefeuilles d'actifs dits « émergents », et est par conséquent assez peu étudié par les analystes de marchés. Alors que les moindres informations économiques ou politiques en provenance du Brésil, des Philippines ou encore de Dubaï sont scrutées avec minutie, le royaume n'est étudié par les salles de marché que sommairement. La raison en est simple. C'est la rareté et le trop grand succès de la dette extérieure marocaine. En effet, les institutions internationales et le Club de Paris détiennent plus de 85% de la dette extérieure du Maroc, qui s'élève à près de 140 milliards de dirhams.
Une stabilité remarquable
La partie négociable sur les marchés reste donc extrêmement réduite, et n'est représentée que par une seule obligation, par ailleurs assez peu liquide. En 2007, fort d'une notation de BBB (investment grade) par l'agence Fitch, le Maroc avait émis un emprunt obligataire sur les marchés internationaux de 500 millions d'euros, d'une maturité de 10 ans et offrant une prime de risque de 55 pb seulement. L'émission a été un franc succès, et de nombreux investisseurs à long terme se sont emparés de ces obligations, bien souvent pour les garder jusqu'à maturité. Cela a maintenu la prime de risque du Maroc à des niveaux très serrés par rapport à sa notation, et lui a procuré une remarquable stabilité durant les périodes d'incertitude. Ainsi, au plus fort de la crise de 2008, la prime de risque marocaine s'est écartée à 350 pb, soit largement moins que les pays de notation équivalente, pour se stabiliser depuis mi-2009 autour de 130 pb.


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