À la 82e cérémonie des oscars et en avance par rapport à son ex-mari James Cameron (Avatar), la réalisatrice américaine a remporté, pour la première fois de l'histoire des Oscars, celui du meilleur réalisateur le 7 mars à Los Angeles pour son film «Démineurs». Première femme à recevoir cette distinction, elle n'est que la quatrième, de toute l'histoire des Oscars, à avoir été nominée dans cette catégorie. Signe que les réalisatrices peuvent s'imposer là où on les attend le moins, ou augure d'une dynamique pour le cinéma de femmes? Machisme, genre ou simplement discrimination ? Elle a été la première à remporter un BAFTA de réalisatrice (Home of the British Academy of Film and Television Arts) et elle est aujpourd'hui la première à décrocher, depuis 1929, le prix de la réalisation des Academy Awards à Los Angeles. Tandis que Jane Campion reste la seule femme à avoir décroché la Palme d'or à Cannes, les statistiques renforcent la donne que les réalisatrices se font encore trop rares. Dans le Top 250 des films américains en 2009, les femmes représentaient seulement 7% des réalisateurs et 8% des scénaristes, selon Martha M. Lauzen, du Centre d'études sur les femmes à la télévision et au cinéma. D'après un article paru sur le site de Courrier International, en 2009, deux des six plus grands studios d'Hollywood n'ont pas sorti un seul film mis en scène par une femme (Paramount et Warner Bros). Et d'après le site web Indie Wire, seulement 7 des 241 films ayant engrangé plus de 100 millions de dollars ces dix dernières années ont été réalisés par des femmes. Les raisons invoquées, sinon les questionnements permis à ce sujet, pour justifier la pénurie de femmes derrière la caméra, ne manquent pas : la culture machiste de l'industrie ? Les difficultés à concilier travail et vie de famille ? D'autres, d'ordre économique : l'accueil chaleureux réservé à cette profusion de films mis en scène par des femmes annonce-t-il le début d'une nouvelle ère dans l'industrie cinématographique? Sans jugement ! Souvent cantonnées dans un registre cinématographique teinté par l'émotivité féminine et le souci de montrer une femme, juste accomplie, les femmes détonnent aujourd'hui là où on les attend le moins. Les derniers films mis en scène par elles en sont la preuve. Quand certaines autorisent leurs héroïnes à être plus complexes et à sortir des sentiers battus, d'autres incarnent des femmes fatales, victimes ou mères courage. «Démineurs» est le long-métrage d'une femme qui a pu faire autre chose que des comédies romantiques. Kathryn Bigelow est cette Californienne qui a grandi dans une banlieue de San Francisco avant d'entamer des études à l'Institut des beaux-arts, où elle a révélé un talent incontesté de peintre. L'artiste, dont l'œuvre avant-gardiste fait l'objet en ce moment d'une exposition dans une galerie parisienne, s'est ensuite tournée vers le cinéma en s'inscrivant à la Columbia Film School, une forme d'hommage à son père, directeur d'une fabrique de peintures, qui rêva toute sa vie de faire des dessins animés. Et le rêve se réalise !