A quelques jours de la fin de l'année, le Moroccan Travel Market est reporté jusqu'en 2012. Alors que les organisateurs justifient cela par un repositionnement stratégique, certains professionnels pensent que ce report reviendrait à des contraintes budgétaires. C'est confirmé ! Ceux qui pensaient que la 4e édition du salon Moroccan Travel Market (MTM) allait être reprogrammée pour le deuxième semestre de 2011, la voici, à quelques jours seulement du nouvel an, reportée jusqu'en 2012. L'ambition de Abdelkarim Rahal Essoulami de faire de ce salon un rendez-vous où l'on vend du rêve est en passe de devenir un cauchemar pour les quelques professionnels qui ont été mis au parfum. «Si la programmation du salon a sauté une année, il ne faudrait pas être étonné de voir ce salon disparaître», souligne Fouzi Zemrani, directeur de Z-tours. Même si MTM continuait d'exister, ce n'est jamais bon de reporter un salon. Cela risque tout bonnement de décrédibiliser la destination et de détruire tout le travail réalisé pendant 3 ans. Les professionnels européens ne comprennent pas. Car, hormis le communiqué de presse publié à l'échelle nationale par Fair & Vents, filiale du Groupe Rahal, organisatrice du salon, il n'y a eu tout simplement pas de communication sur le sujet à l'international. Seule nouveauté : alors qu'au vendredi 24 décembre, le site officiel du MTM n'affichait aucune information nouvelle, depuis dimanche matin, il annonce clairement le report à 2012 du Salon. Choix stratégique ou contrainte budgétaire ? Lors de la troisième édition, 89% des exposants étaient d'accord avec le choix de Marrakech pour l'organisation du salon. Plus, 95% d'entre eux avaient affirmé être prêts à participer à l'édition de 2011. En parallèle, 13.000 visiteurs avaient fait le déplacement à la 3e édition du MTM à Marrakech pour rencontrer quelque 317 exposants. A ceux-là, s'ajoutent 457 hosted buyers de 42 pays et 200 journalistes internationaux. Autant d'éléments qui convergent vers une seule conclusion : le MTM est une réussite. Pourquoi alors avoir choisi de le reporter jusqu'en 2012 ? Si le communiqué de presse rendu public par Fair & Events motive ce report par l'ambition de la filiale du groupe Rahal de donner une dimension internationale au Salon, certains professionnels pensent que c'est plutôt pour des raisons budgétaires. Le business des salons est en effet difficile à rentabiliser. Un salon comme le MTM a besoin de plusieurs éditions pour cela. La participation financière des partenaires est donc primordiale pour assurer la continuité. Or, l'Office national marocain du tourisme (ONMT) aurait, si l'on en croit certains professionnels, du mal à suivre le mouvement (voir interview). Le communiqué de presse précise que la décision du report a été prise d'un commun accord avec les professionnels partenaires de l'évènement. Le temps peut-être d'intéresser d'autres intervenants et d'agrandir le tour de table. Entretien Fouzi Zemrani, directeur général de Z-tour «Une fois par an, les professionnels doivent tout de même pouvoir se retrouver quelque part ! » Lors de rendez-vous pareils, il est fréquent de voir les exposants proposer d'autres destinations dans leurs stands. C'est tout à fait compréhensible. Ils veulent avant tout rentabiliser leur investissement (location de stand, etc., ndlr). D'un côté, personne ne peut les obliger à ne proposer que les offres marocaines. De l'autre, l'ONMT fonctionne avec de l'argent public et ne peut financer que les événements qui sont en relation directe avec le tourisme national et la destination Maroc. L'exercice est délicat et l'équilibre difficile à trouver. Que pourraient faire les organisateurs pour rendre le salon plus «rentable» ? Pour le rentabiliser le Salon, il serait peut être plus utile de le rendre plus «grand public» en réservant le week-end aux nationaux. Nos touristes auront la possibilité de «re»découvrir l'offre marocaine dans sa globalité en un seul endroit (offres d'été, Ramadan, …). C'est aussi l'occasion d'inviter des opérateurs du Moyen-Orient, maghrébins et africains. Donner une dimension internationale à ce salon me paraît une bonne solution pour le pérenniser, et il faut réussir. Car il est anormal qu'un tel outil puisse manquer de financement. Les professionnels sont-ils prêts à aider ? En tant que professionnels, nous avons tous un rôle à jouer pour préserver ce rendez-vous. Personnellement, je prends contact dès ce lundi avec Kamal Rahal pour voir avec lui ce que nous pouvons, nous les agences de voyage, apporter comme aide. Je suis convaincu que notre participation est importante. Car si pour Fair & Events, le MTM est un salon, il est pour nous un outil de promotion. Il doit donc être financé en tant que tel. Une fois par an, les professionnels doivent tout de même pouvoir se retrouver quelque part !