Depuis plusieurs jours, les rumeurs enflent quant à la cession de 30% de la RAM à Air France-KLM. Mais pour la compagnie nationale comme pour l'opérateur européen, il n'en est rien. Entre- temps, Benhimma et Ghellab sont appelés à s'expliquer devant le Parlement. La telenovela d'été de la RAM n'est pas prête de prendre fin. Tensions sociales, retards fréquents sur les vols, annulation du programme de formation des pilotes, situation financière catastrophique et, comme pour couronner le tout, des rumeurs relayées par plusieurs supports de presse marocains et étrangers sur une imminente privatisation… Au point que la compagnie, en la personne de son président- directeur général Driss Benhima, et l'autorité de tutelle, incarnée par le ministre de l'Equipement et du Transport, Karim Ghellab, devront s'expliquer devant les élus de la nation. Les deux responsables viennent d'être convoqués en commission des Finances au Parlement. C'est ce que nous confirme Lahcen Daoudi, vice -S.G du PJD. Et ce sera notamment pour faire le point sur l'éventualité d'une privatisation de la compagnie. Les rumeurs vont bon train sur ce sujet. On y apprend notamment que «les préparatifs techniques pour l'introduction de 30% du capital de la RAM en Bourse sont finalisés et que le feu vert ne dépendra que du bon timing », ou encore que « la RAM a reçu des offres de plusieurs compagnies aériennes du Moyen-Orient et d'Europe, notamment d'Air France qui serait intéressée». Contactée par le Soir échos, la RAM a démenti toutes ces rumeurs qui circulent. A l'heure où nous mettions sous presse, les responsables de RAM étaient même en train de préparer un communiqué où ils rejettent en bloc cette possibilité. « Il n'y a aucun projet ni de cession ni de privatisation de la RAM ou son entrée en Bourse », nous apprend une source autorisée au sein de RAM. Même son de cloche auprès de la compagnie qu'on disait favorite pour la reprise, à savoir Air France-KLM. Un haut responsable d'Air France nous a confié sur un ton ferme et on ne peut plus clair: « nous n'avons jamais été sollicités par RAM et nous n'avons jamais affiché notre intention de reprendre des parts du capital de la compagnie aérienne marocaine ». Et d'ajouter, que « la possibilité d'une reprise, qu'elle soit minoritaire ou majoritaire de la RAM, en cette conjoncture actuelle, me semble extrêmement infime ». Et pour cause, notre source nous avance que la situation financière d'Air France-KLM est également critique avec un résultat d'exploitation déficitaire de 145 millions d'euros alors qu'il était de -132 millions d'euros au 30 juin 2010. D'ailleurs, face à cet environnement incertain, la compagnie aérienne préfère se concentrer sur sa stratégie de reconquête des marchés européens et des vols long courrier. D'où l'annonce en début de cette semaine du lancement d'une nouvelle compagnie aérienne ivoirienne où Air France-KLM détiendrait 35% du capital. C'est dire qu'une éventuelle entrée dans le capital de la RAM n'est pas en ligne avec les orientations stratégiques d'Air France-KLM. « Il serait plus rentable pour nous de monter en capital d'Alitalia où nous détenons déjà 25% et ça sera plus efficace en terme stratégique, vu que notre objectif est de constituer une base régionale qui fonctionnera à long terme afin de devenir la compagnie de référence eu Europe », déclare notre source qui nous confie, sur un autre registre, que Air France-KLM lancera prochainement 54 nouvelles destinations. « Au-delà de ces rumeurs de privatisation et d'entrée ou pas d'Air France-KLM dans le capital de RAM, il conviendrait mieux de s'attarder sur des solutions pragmatiques. Je ne pense pas que la RAM sera privatisée un jour. Croyez-vous qu'un opérateur étranger continuera à desservir des destinations non rentables imposées par l'Etat pour désenclaver certaines régions ? », nous résume un jeune pilote de ligne de la RAM. En effet, la solution ne coule pas de source. L'Etat doit mettre la main dans la poche. Et ce n'est pas le déficit budgétaire qui l'en empêchera. Il suffit juste d'observer les milliards de dirhams investis ces dernières années dans les infrastructures de transport sans qu'aucun sou n'aille à la compagnie aérienne. L'Etat est invité, aujourd'hui, plus que jamais à soutenir et sauver la RAM. C'est la confusion totale au sein de la compagnie aérienne nationale, Royal Air Maroc. La compagnie qui s'est retrouvée prise en tenailles entre son devoir de service public dicté par l'Etat et une conjoncture des plus défavorables sur le plan commercial est au bord du gouffre. La compagnie qui subit l'une des pertes record de son histoire doit également gérer un lynchage sans précédant ainsi que des informations erronées colportées par certains médias. Et ce sont les voyageurs qui subissent les premiers frais du ras-le-bol de la compagnie aérienne. « La RAM se réserve le droit de recourir prochainement aux moyens juridiques à l'encontre de l'entité qui véhicule des information erronées ou non vérifiées concernant la RAM, car trop c'est trop !», nous lance une source au sein de la compagnie. DOMMAGE QUE LE PATRIMOINE DEGAGE AVEC AUTANT DE VITESSE