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« La réorientation de la  construction européenne devient urg ente » | Le Soir-echos
Publié dans Le Soir Echos le 30 - 04 - 2012

El Mouhoub Mouhoud fait partie des économistes les plus influents en France. Soutenant François Hollande avec d'autres confrères, il revient sur les raisons de ce choix.
« La réforme fiscale que propose le candidat Hollande aussi radicale soit-elle, offre cet avantage de ne pas rencontrer de contrainte européenne ».
Avec d'autres économistes, vous avez signé un manifeste en faveur de François Hollande. Quels sont selon vous les chantiers prioritaires auxquels devrait s'adresser le candidat socialiste s'il était élu ?
Il y a le chantier de la relance européenne. Comme nous l'écrivions dans notre tribune, la crise de la dette ne pourra se régler si la croissance est brisée et le pouvoir d'achat atone.
Il y a également une politique de réforme fiscale radicale à mener : remettre en cause les milliards de niches fiscales sous formes d'aides diverses qui se sont avérées inefficaces. Une fiscalité plus redistributive et plus progressive permettra à la fois de dégager des marges de manœuvre pour relancer l'économie et également de redistribuer les richesses qui auront des effets rapides sur la consommation des ménages à faibles revenus. La réforme fiscale (comme la création d'une tranche supplémentaire à 45 %, l'imposition marginale à 75 % des revenus supérieurs à 1 million d'euros que propose le candidat Français Hollande) aussi radicale soit-elle, offre cet avantage de ne pas rencontrer de contrainte européenne. C'est donc une source d'efficacité économique, d'équité sociale et une réforme dont les résultats se feront sentir à court ou moyen terme.
La fragilité de la zone euro et la position des Britanniques d'une part et des Allemands d'autre part laissent-elles une marge de manœuvre suffisante au président, quel qu'il soit ?
Il est nécessaire de sortir du cercle vicieux dans lequel l'approche Merckel-Sarkozy a mis l'Europe et la zone euro. L'obsession de la rigueur, souvenir de la crise monétaire des années 30, a conduit l'Europe à une cure d'austérité abrupte exigée des pays en difficulté ce qui menace terriblement les chances de reprise de la croissance. Les Etats doivent évidemment rester solvables et se soustraire aux risques de paniques financières, mais le risque de récession généralisée auquel on s'expose si tous les Etats adoptent en même temps la même politique est suivi aveuglément par l'axe Merckel-Sarkozy. Une réorientation de la construction européenne est urgente, au service de la croissance et des citoyens européens, avec notamment la négociation d'un Pacte de responsabilité, de croissance et de gouvernance avec l'ensemble des partenaires européens dès le mois de juin prochain. Des forces en Europe viendront soutenir cette initiative y compris en Allemagne. C'est déjà le cas depuis quelques jours où s'expriment des voix en faveur d'un plan de relance.
La crise financière structurelle que connaît le monde, peut-elle continuer à faire l'économie d'une réflexion sur les outils et les règles en vigueur?
Depuis la crise des surprimes de 2008 qui a vu les Etats renflouer les banques, aucune régulation n' a été mise en œuvre. La finance de marché a repris les mêmes comportements de mise en danger de l'économie réelle. Une négociation internationale sera probablement plus longue à mener que la réforme fiscale interne. La régulation financière proposée par le candidat socialiste va dans ce sens même s'il faudra certainement aller plus loin.
La politique agricole de la France et de l'Europe cantonnent les agriculteurs des pays du Sud et du Maghreb en particulier, dans une situation déséquilibrée. Croyez-vous à la possibilité d'un ré-équilibrage dans ce domaine?
Oui, parce que le vieux pacte qui a régi les relations entre l'Union européenne et les pays du Sud de la Méditerranée ne peut plus tenir à l'instar des révolutions arabes. Les Etats de la région ont tous signé de manière bilatérale et non coopérative les accords de libéralisation des échanges commerciaux avec l'Union européenne (UE) qui leur étaient défavorables. Ni les produits agricoles ni les échanges de services n'étaient intégrés dans les accords qui se réduisent aux biens manufacturés pour lesquels les pays du Sud de la Méditerranée avaient de faibles capacités d'exportation. La motivation de ces Etats était assez largement la recherche d'une légitimation politique internationale au risque de perdre économiquement dans un accord de libre-échange asymétrique à leur défaveur. La baisse des recettes d'exportations liée à l'absence de compétitivité de leurs produits manufacturés sur les marchés européens d'une part, et au maintien des barrières à l'encontre des produits agricoles d'autre part, ne pouvait être compensée que par les revenus du tourisme, les transferts de fonds des migrants et les investissements directs étrangers, trop faibles au demeurant. En échange de cette reconnaissance politique par l'UE qu'autorisait de fait la signature de ces accords, les Etats du Sud s'engageaient à conduire une politique d'émigration répressive à l'encontre de leurs citoyens et de ceux d'Afrique subsaharienne qui transitent par ces pays. A l'évidence ni la Commission européenne à travers la politique de voisinage de l'UE ni la France par le biais du projet embryonnaire et avorté d'Union pour la Méditerranée ne peuvent persister dans cette logique de légitimation des nomenklaturas des Etats du Sud de la Méditerranée. Les nouvelles perspectives d'intégration régionale entre les pays du Sud et de l'est de la Méditerranée devraient être le socle de réexamen et de réévaluation sur une base multilatérale des accords d'association avec l'UE dans le cadre de la politique européenne de voisinage. Les pays du Sud doivent renégocier avec l'UE le contenu de l'accord de libre-échange mais de manière multilatérale et non bilatérale. Des dossiers comme la libre circulation des compétences, la libéralisation des échanges de services et la prise en compte des intérêts agricoles des pays de la région doivent figurer sur la table des négociations.
Toujours au sud, dans quelques semaines, l'Algérie organisera des élections législatives. Quelle analyse pourriez-vous partager avec la classe politique locale pour une meilleure adéquation entre leurs programmes et les attentes des Algériens ?
C'est une question qui dépasse le cadre de cette interview. Je dirais surtout que l'Algérie doit anticiper les changements nécessaires qui se sont exprimés sous une forme radicale en Tunisie, en Egypte, en Libye et ailleurs. Elle doit mettre en place une véritable stratégie de diversification de son économie qui a connu une aggravation de sa polarisation sur les hydrocarbures ce qui va de pair avec un taux de chômage des diplômés extrêmement élevé et un taux d'emploi faible comme dans les pays de la région du Sud et de l'Est de la Méditerranée. La stratégie de développement devra être complètement repensée et devra avoir comme priorité absolue l'employabilité des personnels qualifiés. Cela peut passer par le développement des activités de services à forte valeur ajoutée permettent de rattraper les pays industriels car les coûts fixes d'investissement des activités immatérielles sont faibles. Cette stratégie de développement des services de la connaissance doit s'appuyer sur une stratégie en direction de la diaspora en Europe comme en Amérique du Nord pour l'impliquer dans des programmes ponctuels universitaires, de recherche et d'innovation, d'investissements… La réforme des institutions, la lutte contre la corruption sont une nécessité qui s'imposera partout dans les pays de la région.
Bio express
Agrégé des Facultés de sciences économiques, Docteur de l'Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, El Mouhoub Mouhoud est Professeur d'économie à l'Université Paris Dauphine où il enseigne l'économie internationale et dirige le Master Affaires Internationales. Il est également directeur du Groupement de recherches international du CNRS DREEM (Développement des recherches économiques ruro-méditerranéennes). Ses travaux de recherche actuels portent sur la mondialisation, l'intégration européenne et les relations euro-méditerranéennes, les délocalisations et relocalisations industrielles ainsi que les migrations internationales. Il est l'auteur de nombreux ouvrages et articles sur ces thèmes.


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