Le ministre Rabbah a ouvert la boîte de Pandore des concessions de carrières comme promis et une fois l'information lâchée, elle ne sera plus maîtrisable par quiconque, avec les risques de récupération populiste que cela peut engendrer. Nul doute que la transparence, à laquelle le gouvernement aspire, est établie et que la majorité des Marocains y est largement favorable, y voyant un gage d'amélioration de notre quotidien, un renforcement du rôle de nos institutions et une victoire pour la promotion de la Démocratie. Après les transports, c'est une autre niche de privilèges à laquelle l'opinion doit faire face en retenant son souffle. Jusqu'où iront les révélations et les déclarations du ministre ? L'épisode des agréments de transports a laissé une impression d'inachevé. Après avoir publié cette (longue) liste, il eut été profitable d'annoncer des mesures concrètes, échelonnées dans le temps et quantifiées pour faire le tri entre les bénéficiaires légitimes et les autres. Parce que dans les deux secteurs (transports et carrières) cohabitent des personnes qui sont dans leur droit le plus strict et d'autres dont la position morale est plus discutable. Or la vox populi ne s'embête pas toujours à faire cette distinction, préférant le sensationnel à la réalité, souvent plus terre-à-terre. Autre sujet d'actualité, autre réforme, souhaitable et attendue, celle de la justice et pour laquelle nous assistons à un bras de fer entre une partie de la profession et son ministre de tutelle. Querelle de forme ou de fond, aucune avancée ne peut se faire sans la participation des différentes parties engagées. Et participation n'a jamais été synonyme d'adhésion. Au contraire, l'espace de discussion que permettent les consultations régionales est à saluer dans sa dimension de proximité et à ce titre, il doit être exploité par les professionnels et leurs doléances. Dans les trois cas cités, la question est davantage liée au pragmatisme qu'à l'idéologie qui impose des arrangements avec les faits, souvent au détriment de l'intérêt collectif. D'autant que les réformes se feront, d'une manière ou d'une autre. Participer à leur élaboration est le seul gage de les faire concorder avec l'intérêt général.