C'est peu dire que la célébration, parce que c'en est une, de la profondeur du judaïsme marocain donne au monde entier la mesure de ce que le Maroc a toujours incarné : un Etat de droit où les libertés, notamment confessionnelles traduisent la richesse de ses diversités, où la tolérance – cette chère valeur en déperdition dans le monde – n'a jamais été aussi exemplaire, où le droit à la différence et l'obligation de la défendre sont depuis des lustres le credo de la nation, enfin cette terre de cohabitation qu'est le Maroc plus que millénaire a retrouvé ses lettres de noblesse. Sans aucun doute, celui qui en a donné la plus belle et magistrale illustration, est le Roi Mohammed VI, défenseur de cette diversité si fédérée ! Il a adressé un discours, dont lecture a été faite par le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, en présence de André Azoulay, Conseiller du roi Mohammed VI, Mohand Laenser, ministre de l'Intérieur, Mohamed Amine Sbihi, ministre de la Culture, Serge Berdugo , ambassadeur itinérant du roi, le président du Bundestag, Driss El Yazami, président du Conseil national des droits de l'Homme, ainsi que plusieurs personnalités. Le roi a tout de suite donné le ton : « Nous voulons à cette occasion saluer cette louable initiative dont le mérite revient à la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain. Nous tenons également à rendre hommage au gouvernement de la République Fédérale d'Allemagne et aux éminentes personnalités et institutions, pour les efforts concertés qui ont été déployés en faveur de la préservation et de la rénovation de ce monument historique, dont la construction remonte au 17e siècle. Ceci est le témoignage éloquent de la richesse et de la diversité des composantes spirituelles du Royaume du Maroc et de son patrimoine authentique ». Le souverain ne s'en tient pas à ce propos préliminaire, il s'inscrit dans une autre perspective et annonce une décision majeure qui est celle de la défense du patrimoine juif marocain. « C'est précisément cette particularité hébraïque, ajoute-t-il,qui constitue aujourd'hui, ainsi que l'a consacré la nouvelle Constitution du Royaume, l'un des affluents séculaires de l'identité nationale, et c'est pourquoi Nous appelons à la restauration de tous les temples juifs dans les différentes villes du Royaume, de sorte qu'ils ne soient plus seulement des lieux de culte, mais également un espace de dialogue culturel et de renouveau des valeurs fondatrices de la civilisation marocaine. » ! Président de la Fondation du patrimoine judéo marocain, Serge Berdugo a estimé pour sa part que « cette inauguration est porteuse d'un message de paix et de tolérance(...) Slat al Fassiyine nous donne une belle leçon . Elle était le passé qui risquait de disparaître, son projet de restauration préparait l'avenir, cet avenir est déjà le présent...le judaïsme marocain c'est le présent, c'est la communauté matricielle, consciente de son passé et pleine de vitalité et de projets d'avenir. Cette communauté est partie prenante de la réalité marocaine avec la pleine jouissance de ses droits civiques et de sa liberté de culte et la pleine conscience de ses responsabilités ».