Vous êtes ici : Actualités / A La Une / «Voyeurisme», quand tu nous tiens... Est-ce que la vie privée des gens peut-être un moyen d'attirer les téléspectateurs ? Les faits divers qui racontent les détails de crimes innommables apportent-ils quelque chose de positif au public qui les consomme passivement devant son poste de télévision ? Dans la logique des médias, on peut répondre par l'affirmative car les émissions qui en font leur fond de commerce ont un succès certain auprès du grand public. Cependant, d'un point de vue déontologique, ces émissions devraient être revues, car elles exploitent l'ignorance des participants et la crédulité du spectateur qui n'est pas habitué à ce type d'émissions. «Kissat annass», «Al Khayt Labiad», «Masrah Al Jarima», «Akhtar Al Moujrimine» et les innombrables émissions radio qui se basent sur les confidences des auditeurs ou les chroniques judiciaires font un audimat inhabituel au Maroc. C'est à croire que ce genre d'émissions qu'on érige en «stars» dans nos médias nationaux sont devenus des valeurs sûres pour les responsables des organismes audiovisuels marocains. Ils ne trouvent d'ailleurs aucun problème à alimenter une forme de voyeurisme chez le public marocain. Il est vrai que tous ces concepts ne sont pas nouveaux dans le paysage médiatique de manière générale, mais la question qui s'impose est de savoir quelle valeur ajoutée apporte ces émissions aux téléspectateurs et aux auditeurs dans une société comme la nôtre ? l'analyse des cas sociaux, un filon juteux Au Maroc, le taux d'analphabétisme est encore alarmant, l'accès à l'information reste limité et les médias publics ont aussi pour fonction de faire évoluer les mentalités pour atteindre le rang des sociétés civilisées. Pourtant, ce ne sont ni la culture, ni les débats de société, ni les émissions à portée éducative ou civique qui sont mises en avant par le pôle médiatique public. En revanche, l'étalage public des histoires de gens ordinaires, l'analyse «chirurgicale» de cas sociaux qui gagneraient à rester dans leur anonymat est devenu ses dernières années un «filon» juteux pour les responsables des chaînes de télévision car «cela attire les annonceurs» ! L'argent est certes «le nerf de la guerre» mais est-ce que cela justifie cette orientation mercantile que nos médias ont prise ? L'audimat à tout prix ne peut en aucun cas justifier l'injustifiable. Le public marocain qui a déserté les chaînes nationales pour les télévisions d'orient et d'occident ne peut en aucun cas être récupéré par des subterfuges de la sorte.