«Attention, disent en substance les gens interrogés, attention, si vous continuez de cette manière, nous descendrons dans la rue... » ! Ce n'est pas un propos lancé à la cantonade, mais une alerte qui cible certains responsables, une politique et, s'il en est, une vision ! Le commun des mortels en prendrait à coup sûr la mesure de cette mise en garde... Futur gouvernement, ce serpent de mer Lorsqu'on prend la peine de recadrer de telles déclarations dans le contexte politique, économique et social que nous vivons, on se rend compte de l'évidence... Nous vivons dans un état de crise générale qui ne dit pas son nom, et plus que le malaise, c'est la confiance qui s'effiloche. Un gouvernement, dont un ministre de poids est acculé à démentir les rumeurs sur les prochaines hausses des denrées de première nécessité, des populations en face demeurant d'autant plus sceptiques qu'elles n'ont aucune preuve du contraire ; l'absence rédhibitoire de communication sur la réalité économique et sociale du pays, le combat de coqs entre majorité et opposition sur des sujets secondaires, pour ne pas dire dérisoires – comme le temps de parole au parlement -, les démonstrations publiques ici et là, ce sempiternel débat sur le futur gouvernement, devenu un véritable qui , pour ne pas changer, est en train de tourner à un marché de dupes... Champ de confiance réduit à néant « Si vous ne vous intéressez pas à la politique, la politique s'intéressera à vous... » ! La formule, devenue une antienne, avait pour objet de nous convaincre que la désaffection qui affecte régulièrement, et les deux dernières élections législatives de 2007 et 2011 nous l'ont prouvé, le champ de confiance entre les responsables politiques et les citoyens, s'est rétréci pour ne plus devenir que celui d'une triste configuration. Le PJD, qui a caracolé au lendemain de sa victoire du 25 novembre 2011, parvenu au pouvoir une fois, est de plus en plus sur le fil du rasoir ! Les électeurs qui ont voté pour lui, autrement dit moins de 25% des suffrages exprimés, en sont à présent à s'interroger sur ses capacités à réaliser les promesses électorales qu'il leur avait faites. Pour ne citer que le SMIG, ils en sont à patienter en constatant le recul de leur pouvoir d'achat et à s'impatienter ! Le gouvernement s'apparente de plus en plus à un « cautère sur une jambe de bois » ! Unijambiste mal en point, et un cautère qui n'est ni remède, ni un horizon susceptible, de nos jours, de calmer les inquiétudes de citoyens relégués dans l'attentisme , voire un scepticisme qui devient la culture alternative. A la crise constitutionnelle avérée que nous vivons, sur fond d'une inapplication des textes , s'ajoute le blocage institutionnel qui est la conséquence de l'incohérence, des humeurs irascibles et caprices des membres de l'Establishment gouvernemental, des volontés erratiques de ne favoriser aucune issue à la crise, enfin d'un aveuglement que l'essentiel du débat se déroulera, in fine, dans la rue, avec la rue...