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Rapport. L'Institut Montaigne rappelle aux Européens l'impératif marocain et maghrébin
Publié dans L'observateur du Maroc le 29 - 05 - 2021

«Le destin de la France et de l'Europe est étroitement lié à celui des pays du Maghreb, du fait des importants flux d'hommes, d'idées, de marchandises, d'argent entre les deux rives de la Méditerranée», écrit Hakim El Karoui pour introduire le rapport qu'il a élaboré pour le compte de l'Institut Montaigne sur l'impérieuse nécessité pour l'Europe de s'intéresser davantage à l'un de ses voisins immédiats : le Maghreb. Mise en entrefilet, cette petite réflexion «Il n'est désir plus naturel que le désir de connaissance» résume l'esprit du document de 116 pages de cet essayiste et consultant français, normalien et agrégé de géographie qui plus est.
[ NOUVELLE ETUDE ]
#Maghreb : la crise du Covid-19 a renforcé les vulnérabilités structurelles des économies du Maghreb. Une situation fragile qui pourrait avoir des conséquences préoccupantes pour la région et pour l'Europe.
Thread https://t.co/gxVWIJujyS
— Institut Montaigne (@i_montaigne) May 27, 2021
L'auteur de «Nouveau monde arabe, nouvelle 'politique arabe' pour la France élaboré en 2017 pour l'Institut Montaigne dont il est senior fellow, constate que «l'importance du Maghreb pour l'Europe est largement sous-estimée, et les Européens ne semblent pas avoir intégré le Maroc, l'Algérie et la Tunisie à leur réflexion stratégique globale». Il lance donc une sorte d'appel pour que l'Europe soutienne «les économies des pays maghrébins gages de stabilité sociale et donc politique». Pour lui, la déstabilisation d'un des trois pays du Maghreb entraînerait des réactions en chaîne connues et indésirables. «Compte-tenu de l'imbrication des peuples et des économies, le « risque » maghrébin est un risque européen», fait-il remarquer, en citant en premier le risque islamiste comme danger potentiel. S'y ajoutent, d'après l'auteur, les risques liés à l'émigration et aussi l'influence croissante d'autres puissances.
Hakim El Karoui prévient les Européens qu'ils ont tort de croire que le Maghreb reste la chasse gardée de l'Europée.
«Les trois pays du Maghreb font l'objet d'un intérêt de la part des grands acteurs régionaux et mondiaux, et l'influence de l'Europe – et particulièrement celle de la France – recule progressivement», alerte-t-il.
L'Europe doit désormais prendre en considération la sérieuse concurrence de la Chine concernant le Maroc. Pour la Tunisie, c'est la Turquie et le Qatar que les Européens doivent désormais prendre en compte.
Nouveaux paradigmes
Cet extrait de l'analyse réservée au Maroc montre les changements survenus dans et autour du Royaume qui doivent faire réfléchir les Européens.
« Le Maroc est au cœur des intérêts régionaux et internationaux, notamment parce qu'il est un carrefour pour les échanges vers l'Europe comme vers l'Afrique. Si les pays d'Europe du Sud demeurent les principaux pourvoyeurs d'IDE au Maroc, en particulier la France (35 % des IDE totaux en 2019), le Maroc intéresse de plus en plus la Chine. La diaspora chinoise est relativement importante sur le littoral marocain, la Chine regarde de près les implantations logistiques, notamment à Tanger, et exporte beaucoup de biens manufacturés et de matériel au Maroc. Elle a aussi construit un partenariat avec le Maroc pendant la crise du Covid-19 (envois de masques, test avancé de vaccins, distribution massive de vaccins chinois, etc). La Chine est en bonne position sur le plan des importations marocaines : elle représente 10 % du total en 2019, tout de même derrière l'Espagne (15 %) et la France (12 %).
...En matière d'aide au développement, les pays européens demeurent une source prépon- dérante de flux publics bilatéraux. Sur 24,7 milliards de dollars de flux nets entrants au Maroc entre 2018 et 2017, 4,39 milliards de dollars proviennent de France (soit 18 % des flux entrants totaux) et 2 milliards d'Allemagne (8 %). Parmi les pays non européens pourvoyeurs de flux publics, les Émirats arabes unis représentent une source dynamique et en progression de flux financiers. Abu Dhabi est responsable de 1,5 milliard de dollars de flux entrants sur la période, dont 439 millions de dollars uniquement sur l'année 2017 (les Émirats représentent ainsi 17 % du total de flux publics entrants pour la seule année 2017). La moitié de l'APD provient par ailleurs de bailleurs multilatéraux (12,8 milliards de dollars sur la période, soit 52% du total). Les institutions de l'UE ont pour leur part fourni 4,2 milliards de dollars sur la dernière décennie.
Les échanges commerciaux et les flux d'investissements du Maroc sont encore très importants avec ses partenaires traditionnels d'Europe, mais connaissent certaines inflexions.
Les exportations marocaines vont principalement vers l'Espagne (24 % des flux totaux en 2019), la France (21 % des exportations en 2019) et dans une moindre mesure l'Italie (5 % en 2019). Les exportations à destination des États-Unis sont faibles et relativement stables dans le temps (4 % en 2019, contre 3 % du total en 2009). Les exportations à destination d'autres puissances (Russie, Chine, Turquie) sont plus négligeables et ne dépassent pas 2 % du total des flux d'exportations.
Les flux entrants d'importations au Maroc font état d'une répartition plus équilibrée
entre partenaires traditionnels et puissances émergentes. Les importations marocaines proviennent d'Espagne (pour 15 % du total des importations en 2019) et de France (12 % du total), mais également de Chine (10 % du total), des États-Unis (8 % du total en 2019), de Turquie (5 % en 2019, contre 2% seulement en 2009), et marginalement de Russie (3 %) et d'Arabie saoudite (2 %).
...Malgré une dette élevée, le Maroc a su mobiliser des ressources internes importantes pour soutenir son économie et a su très récemment se financer via les marchés monétaires sans difficulté. Il doit néanmoins financer un grand plan de développement de moyen terme pour lequel une commission de haut niveau a été installé peu de temps avant le début de la crise sanitaire. Selon les scénarios optimistes, les besoins de financement par le Maroc se situeraient entre 3,5 et 6,5 milliards de dollars, alors qu'ils se situent entre 6 et 11 milliards d'euros selon les scénarios pessimistes, s'il ne dispose pas d'aide des bailleurs internationaux. Néanmoins, le Maroc bénéficiant d'une excellente relation avec les bailleurs internationaux, fondée sur la stabilité politique et la capacité institutionnelle à mettre en œuvre de grands projets d'infrastructures, il est probable que les bailleurs contribuent significativement à une accélération sensible de l'effort d'investissement du pays.»
Incompréhension européenne
Pour éveiller les consciences sûr les nouvelles réalités géostratégiques concernant le Maghreb, Hakim El Karoui souligne que la Méditerranée n'est plus une frontière. «Les flux d'hommes, d'idées, de marchandises, d'argent en ont fait depuis longtemps une interface beaucoup plus qu'une barrière», explique-t-il. L'analyste rappelle que les six millions de Français originaires du Maghreb font aujourd'hui que le destin de la France est lié à cette région du monde. «Mais, ce qui est vrai pour la France l'est de plus en plus aussi pour l'Espagne (avec le Maroc) et l'Italie (avec la Tunisie et la Libye). Le Sud de l'Europe est arrimé au Nord de l'Afrique, pour le meilleur (les échanges culturels, les services comme le tourisme, l'économie du care, la coopération indus-trielle) mais aussi pour le pire (l'islamisme radical européen a ses racines au Maghreb)», poursuit-il.
Dans son argumentaire, l'expert rappelle que le Maroc s'est récemment rapproché des États-Unis à travers l'accord de reprise des relations avec Israël qui a été entériné par l'actuelle administration américaine. Le senior fellow de l'Institut Montaigne en conclut que la prépondérance traditionnelle de la France tend à baisser, au profit d'autres partenaires américains et chinois notamment. «Même si la situation du Maroc n'est pas critique pour l'accès au financement, des hésitations européennes ou de la part de multilatéraux pourraient donner des opportunités à la Chine qui pourrait financer un grand plan d'investissement au Maroc permettant aux entreprises chinoises de s'implanter durablement au royaume chérifien», ajoute-t-il.
Nouvelle note de l'@i_montaigne, qui dresse un état des lieux complet des pays du Maghreb, avant le Covid-19 et depuis, et qui appelle les Européens à octroyer un soutien massif à la région pour franchir la crise. Merci à @helkaroui pour ce travail.https://t.co/X90TaM4Jap
— Laurent Bigorgne (@LaurentBigorgne) May 27, 2021
Urgence du dialogue euro-maghrébin
Après avoir établi un diagnostic global concernant la vision et les rapports entre l'Europe et les pays Maghrébins, Hakim El Karoui présente ces rcommandations :
«La première opportunité sera saisie le jour où un dialogue stratégique réel s'engagera entre le nord et le sud de la Méditerranée, entre l'Europe et le monde arabe. L'Union pour la Méditerranée était une belle idée dont le périmètre, trop large, explique l'échec politique : trop d'intérêts divergents d'un côté (l'immigration, la question israélo-palestinienne, la peur de l'islam au nord), trop de désintérêt de l'autre (le nord et l'est de l'Europe pour le sud, les pays arabes pour l'Europe, eux qui regardent plutôt l'Asie ou l'Amérique) pour construire une vision partagée. D'autant que si l'Union européenne parle d'une seule voix et soutient le sud de la Méditerranée, les pays arabes méditer- ranéens sont divisés et jaloux chacun vis-à-vis de l'autre de leur dialogue bilatéral avec l'UE. Difficile dans ces conditions d'avoir un dialogue stratégique de qualité, même limité au 5+5 (France, Espagne, Italie, Malte, Portugal d'un côté, Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye de l'autre).
...Bien sûr, la tentation sera grande de réduire les fonds de l'action extérieure, comme après toute crise économique, au moment où l'on sortira du « quoi qu'il en coûte » et
que la question des réductions de dépense sera posée à nouveau. Mais, si un des trois pays du Maghreb devait entrer dans une crise sociale et donc politique longue, les conséquences en matière d'émigration incontrôlée, de consolidation de l'implantation turque ou chinoise aux portes de l'Europe, voire de montée en puissance de groupes islamistes plus agressifs que ceux actuellement actifs dans les trois pays serait pour l'honneur non seulement un risque mais aussi probablement un déshonneur. »
Lire le rapport intégral : La stabilité du Maghreb, un impératif pour l'Europe


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