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Santé mentale : Un autre capital national fortement mis à mal par la pandémie
Publié dans L'opinion le 12 - 10 - 2021

Au Maroc comme ailleurs, la pandémie de coronavirus a fait des morts, a mis à mal l'économie, mais a également grandement malmené la santé mentale des personnes.
Durant ces derniers 18 mois, la pandémie a grandement impacté le quotidien de milliards de personnes à travers le monde. Quasiment tous envisagent un « avant » et un « après » le Coronavirus, car au-delà des millions de vies humaines qui ont été perdues à cause de la maladie, les mesures et restrictions sanitaires ont profondément perturbé des pans entiers de l'économie mondiale.
Cela dit, si l'impact sur la santé mentale de cette pandémie a été évoqué par les spécialistes avant l'été 2020, la célébration de la Journée mondiale de la santé mentale ce 10 octobre 2021 a permis d'établir une perspective qui dispose de suffisamment de recul pour réaliser l'ampleur des dégâts. Alors même que notre pays revient, petit à petit, à la normale avec un allégement des restrictions et des indicateurs épidémiologiques qui passent au vert, les conséquences psychiques et psychologiques engendrées directement et indirectement par le contexte pandémique s'avèrent plus importantes que prévu.
Des jeunes désocialisés
« Il y a eu un impact majeur de la pandémie sur la santé mentale au niveau mondial, mais également au niveau national. Cet impact a pris des formes très différentes et a touché plusieurs catégories et groupes de la population », explique Dr Fatine Fifani, psychiatre et présidente de l'Association Marocaine de Psychiatrie de l'Enfant et de l'Adolescent (AMPEA), qui donne l'exemple des personnes âgées qui ont vécu la hantise d'être « les plus vulnérables et les plus menacées face au coronavirus ».
« Nous avons également constaté un très grand impact sur les plus jeunes qui ont été désocialisés et ont énormément souffert d'avoir perdu leurs amis et leurs repères. Forcés le plus souvent de rester à la maison, beaucoup ont développé des addictions liées aux jeux vidéo et à l'utilisation des outils digitaux. À cause de cela, nous voyons beaucoup plus de jeunes qui viennent nous voir pour des troubles dépressifs, anxieux avec, le plus souvent, une anticipation pessimiste de l'avenir », précise la psychiatre.
Des groupes vulnérables
Les autres victimes directes de la pandémie sont les personnes qui souffraient déjà de troubles psychologiques avant la pandémie dont une grande partie a vu son état s'aggraver.
« Le confinement a dégradé la situation des gens qui souffraient déjà de troubles (anxieux, dépressifs ou psychotiques) parce qu'ils n'ont pas pu avoir accès à leur médecin ou à leurs médicaments pendant cette période en plus de subir encore plus de stress et d'angoisse. Alors que certains d'entre eux avaient pourtant pu vivre à peu près normalement pendant des années, leur équilibre psychologique a malheureusement fini par être perturbé», explique Dr Fifani. La précarisation due à la perte d'emploi a également eu des conséquences sur la santé mentale de plusieurs milliers de personnes.
« C'est effectivement une nouvelle donne. La perte ou le déclassement de la situation professionnelle a été un facteur qui a engendré beaucoup de souffrance psychologique parmi les membres des familles concernées », confirme la même source.
Impact transversal
Alors que les pays du monde entier préparent et commencent la mise en oeuvre de stratégie de relance post-Covid, cette journée mondiale a constitué une opportunité de rappeler l'importance de la santé mentale.
« La santé mentale a un impact transversal qui est souvent sous-estimé. Or, il est important d'inscrire la promotion et l'investissement dans la santé mentale parmi les priorités nationales, surtout dans notre contexte actuel », estime la présidente de l'AMPEA. Investir dans la santé mentale n'est toutefois pas une exclusivité pour les politiques et les décideurs puisque ce choix est également individuel.
« Nos responsabilités et nos devoirs sont prioritaires, mais notre santé mentale, ainsi que celle des personnes que nous aimons, le sont encore plus. Comme nous nous soucions de notre santé physique et de notre stabilité et prospérité économique, il est primordial de maintenir et de favoriser notre bonne santé mentale », recommande Dr Fatine Fifani.

Oussama ABAOUSS

L'info...Graphie
Définition
La promotion de la santé mentale est un acte politique

La santé mentale ne se résume pas à une absence de troubles psychologiques. Elle comprend le bien-être, l'optimisme, la satisfaction, la confiance en soi, ou encore la capacité relationnelle. Elle est influencée par une interaction complexe de nombreux facteurs tels que les relations sociales, les événements de la vie, des facteurs génétiques, le revenu, la formation, l'emploi, le logement, l'accès aux services, les violences, les discriminations, ou encore l'environnement dans lequel on vit.
Un ensemble de facteurs déterminants qui sont donc internes et externes à la personne. De plus, ces déterminants interagissent et s'influencent entre eux. Certaines caractéristiques et situations, telles que des conditions socio-économiques défavorables, un isolement social accru ou des situations de discrimination affectant plus particulièrement certaines populations, créent des inégalités en santé mentale.
La promotion de la santé mentale est de ce fait un acte politique, car elle vise essentiellement les facteurs sociaux, lesquels dépendent quasiment tous de l'action publique.

UNICEF
L'impact durable de la pandémie sur la santé mentale des plus jeunes
S'exprimant à l'occasion de la publication, mardi dernier, d'un nouveau rapport sur l'impact de la pandémie sur la santé mentale des plus jeunes, la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Henrietta Fore a rappelé que « les 18 mois qui viennent de s'écouler ont été très longs pour nous tous, mais surtout pour les enfants. En raison des confinements nationaux et des restrictions de déplacements liées à la pandémie, les enfants ont perdu un temps précieux, en passant des années loin de leur famille, de leurs amis et des salles de classe, sans pouvoir se consacrer à des activités extrascolaires ».
Intitulé « La situation des enfants dans le monde 2021; Dans ma tête : Promouvoir, protéger et prendre en charge la santé mentale des enfants », le rapport pointe des effets liés au contexte pandémique qui pourraient impacter la santé mentale des enfants et des jeunes pendant plusieurs années.
« Même avant la pandémie de Covid-19, les enfants et les jeunes souffraient de problèmes de santé mentale sans qu'aucun investissement substantiel n'ait été consenti pour y remédier », poursuit le document.
L'UNICEF évoque des écarts significatifs persistants entre les besoins en matière de santé mentale et les financements consacrés à cette problématique, précisant qu'au niveau mondial, seulement 2% environ des budgets publics alloués à la santé sont affectés à la santé mentale. La Directrice exécutive de l'UNICEF a regretté que les liens entre la santé mentale et la qualité de vie à long terme « ne soient pas suffisamment reconnus ».

3 questions à Dr Fatine Fifane, psychiatre et présidente de l'AMPAE
« Les priorités sont la sensibilisation et l'amélioration des couvertures sociales »

Médecin spécialisé en psychiatrie et présidente de l'Association Marocaine de Psychiatrie de l'Enfant et de l'Adolescent (AMPEA), Dr Fatine Fifani répond à nos questions.
-L'impact de la pandémie sur la santé mentale a-t-il engendré une augmentation des consultations ?
-Il est certain que nous constatons actuellement une augmentation des demandes de soin. Un nombre important de personnes se sont présentées spontanément pendant ces derniers mois et semaines à cause de souffrances liées d'une façon ou une autre à la pandémie. Cela dit, il existe encore des stigmatisations sociétales qui font que ce genre de démarche fasse l'objet d'appréhension ou soit gardé secret.
-Qu'en est-il des cellules d'assistance psychologique joignables par téléphone ?
-Il y a eu un certain nombre d'initiatives, notamment à destination du personnel de santé lui-même, à travers les centres régionaux de l'Ordre des médecins. C'est une expérience qui a duré quelques mois et que je pense gagnerait à être reprise et étendue. La société civile a également participé à mettre en oeuvre des solutions du même type. C'est le cas de l'association Sourire de Réda par exemple, dont les bénévoles font un excellent travail.
-Comment est-il possible d'améliorer et de promouvoir la santé mentale au Maroc ?
-Je pense que les priorités sont la sensibilisation et l'amélioration des couvertures sociales pour faciliter l'accès aux soins, mais également aux médicaments. Du fait du nombre insuffisant de spécialistes qui existent au Maroc, il est encore difficile d'assurer que toutes les régions du Royaume soient entièrement couvertes par des professionnels qualifiés.
Cela dit, il y a moyen de relativement pallier à cette situation en formant les médecins généralistes pour qu'ils puissent correctement manier la prescription d'antidépresseurs, peut-être pas pour les pathologies lourdes, mais pour pouvoir au moins reconnaître et traiter un syndrome dépressif ou un syndrome anxieux.

Recueillis par O. A.


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