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Maroc-Espagne : Zone grise ou la théorie bancale d'une menace marocaine !
Publié dans L'opinion le 07 - 12 - 2021

« Les prétentions du Maroc sur Sebta et Melilia depuis la perspective de la zone grise », tel est le titre d'une étude qui soupçonne Rabat de mener des actions de types zones grises contre Madrid.
Après le péril militaire, la guerre économique, c'est maintenant au tour de la « zone grise » d'être brandie comme menace contre l'Espagne. C'est ce qui ressort d'un rapport intitulé « Les prétentions du Maroc sur Sebta et Melilia depuis la perspective de la zone grise », publié par l'Observatoire de Sebta et Melilia, dépendant du Think Tank madrilène l'Institut de sécurité et de la culture.
Le même institut qui avait, rappelons-le, publié la fameuse étude « Le Maroc, le détroit de Gibraltar et la menace militaire sur l'Espagne ». Rédigée par des universitaires, cette étude explore l'hypothèse d'un recours par Rabat à une nouvelle théorie géopolitique, à savoir la « zone grise », pour reprendre possession des villes occupées. De l'aveu même des auteurs du rapport, « la littérature autour de la zone grise est très récente et n'ayant atteint un déploiement intellectuel notable qu'à partir de la seconde décennie du 21ème siècle ». La zone grise représente ainsi un nouveau palier qui se situe en dessous de la théorie de la guerre hybride vu qu'elle n'implique aucun affrontement armé.
Une guerre hybride, mais sans guerre !
En clair, cette théorie a pour philosophie d'éviter de « franchir les lignes rouges » qui permettent à un Etat ciblé par ce type de manoeuvre d'invoquer la légitime défense suite à une attaque armée comme prévu par l'article 51 de la Charte des Nations Unies. La finalité de ce principe est d'atteindre les objectifs qui pourraient pousser un pays à entrer en guerre, sans justement avoir à utiliser cette option.
La mise en oeuvre de la zone grise se traduirait sur le terrain par le déploiement d'une combinaison de moyens civils et militaires, légaux et illégaux ou encore politiques et économiques. L'objectif premier de cette théorie, selon le document, est soit de forcer l'indépendance d'un territoire d'un pays pour l'affaiblir, d'annexer un territoire ou encore de faciliter le changement de régimes ou de gouvernements. La réussite d'une zone grise passe ainsi par la mise en place d'un « continuum » où l'on peut distinguer 4 niveaux d'escalades : configuration de l'environnement, interférences, déstabilisation et emploi limité puis direct de la force.
Concernant la mise en place d'une telle stratégie par les autorités marocaines, le rapport reste vague et ne présente que des présomptions et extrapolations pour étayer ses propos. L'on retrouve ainsi, pêle-mêle, le rappel de l'ambassadeur du Maroc à Madrid en 2007 suite à la visite du Roi Juan Carlos dans les villes occupées, les différents pics d'arrivée de migrants en Espagne ou à Sebta et Melilia depuis 2010 jusqu'à « l'assaut migratoire » enregistré en mai dernier, la fermeture de la frontière commerciale entre Melilia et Nador en 2018, l'interdiction aux fonctionnaires et hauts commis de l'Etat marocain de transiter en Espagne via les villes occupées, le coup d'arrêt des activités de contrebande en 2019 ou encore les déclarations de l'ex-chef du gouvernement Saâd Eddine El Othmani sur la marocanité des deux villes occupées en décembre 2020.
Contradictions en série
Le rapport pointe également l'effort de modernisation des capacités opérationnelles des Forces Armées Royales, « comme un facteur à tenir en compte, sans pour autant céder à l'alarmisme ». D'ailleurs, au moment de justifier leur postulat, les auteurs du rapport se sont limités à signifier qu'il « résultait plausible d'encadrer la conduite des autorités marocaines concernant Sebta et Melilia dans une stratégie hybride qui se situe dans la phase de configuration de l'environnement qui lui permettrait dans le futur d'exercer une plus grande coercition ».
Un constat que les auteurs eux-mêmes nuancent, quelques lignes plus loin, en précisant qu'il leur était impossible de prouver une quelconque continuité ou lien entre les éléments mis en avant plus haut qui permettent de parler de politique intentionnelle ou d'actions hybrides, sans « donner lieu à de faux positifs ». Ce qui ne les a pas empêchés de recommander aux autorités espagnoles de considérer « la perspective d'une approche hybride au moment d'analyser la politique marocaine sur Sebta et Melilia ».
Une recommandation basée sur une perception de mouvements orchestrés depuis Rabat qu'ils estiment « plausible et nous nous inclinons à penser probable ». Preuve en est la conclusion du rapport qui précise que « la possibilité que le Maroc déploie une stratégie hybride sous le format de zone grise, avec pour comme point de mire récupérer la souveraineté de Sebta et Melilia sans recourir à une guerre ouverte, constitue, au minimum, une des hypothèses de travail les plus plausibles qui peuvent être posées ».
Pour résumer, le fait que le Royaume maintienne des revendications légitimes sur la question des villes occupées, une posture qui n'a guère bougé d'un iota depuis l'indépendance, représente un acte hostile vis-à-vis de l'Espagne qui s'inscrit dans le concept de zone grise. Une posture qui rejoint les thèses habituelles d'une partie de l'appareil d'Etat espagnol qui perçoit le Maroc comme une menace existentielle. Pour ces derniers, le Royaume représente un danger depuis 1975 et la fin de la colonisation espagnole au Sahara marocain et avec elle la disparition du dernier vestige de l'empire colonial qui reste un véritable psychodrame pour les nostalgiques du franquisme.
S. A.
L'info...Graphie
Eaux territoriales
La menace piscicole

L'installation récente de fermes piscicoles par des opérateurs marocains près des îles Chafarinas occupées par l'Espagne, a rapidement suscité la polémique de l'autre côté de la Méditerranée. Présentée comme un « pied de nez à Madrid » ou « une occupation illégale des eaux territoriales espagnoles », par une partie de la presse espagnole, l'information a été récupérée par le parti d'extrême droite VOX qui n'a pas hésité à interpeller José Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères.
Ce dernier a dans une réponse écrite signifié que la ferme piscicole pourrait représenter « un danger pour la navigation et l'environnement », tout en rappelant que cette question « ne portera atteinte à aucun moment aux relations de bon voisinage. Rappelons que le Maroc ne reconnaît pas les eaux entourant les îles occupées comme des eaux territoriales espagnoles et que cette installation a été autorisée par les autorités marocaines en mars dernier.

Cabo Negro / M'diq
Tanger Med Zones (TMZ) lance une nouvelle zone outlet

Tanger Med Zones vient de lancer un avis d'appel à manifestation d'intérêt, dont l'objet est «de sélectionner un investisseur/opérateur, disposant des compétences et du savoir-faire requis pour le développement, la promotion et la gestion de projets d'outlet ou de centres commerciaux aux standards internationaux », indique l'autorité portuaire sur son site officiel.
Une annonce qui a rapidement été perçue comme une nouvelle manoeuvre d'encerclement de la ville occupée de Sebta, occultant au passage son objectif premier, à savoir créer des opportunités d'emplois pour les locaux et de soutenir la vocation touristique de la région. La nouvelle zone commerciale située entre Tétouan et M'diq au niveau de Cabo Negro est en cours de construction. Elle est d'une superficie de 70 hectares, et dont la première tranche de 30 ha sera livrée en avril prochain.
L'espace central de cette nouvelle zone commerciale est affecté à un projet d'outlet sur une superficie de 10 ha, extensible à 20 ha, et dédié au commerce grand public. Rappelons que la première installation de la zone commerciale est celle du leader mondial de l'ameublement et de la décoration IKEA sur une superficie de plus de 3 ha avec 19.000 m2 couverts, dont la construction a déjà débuté avec une ouverture prévue pour l'été 2022.
Les installations comprendront également des espaces de loisirs, aires de jeux, restauration, etc. Selon TMZ, ce projet a pour objectif également de soutenir l'activité touristique à travers la création d'une destination shopping et loisirs, à même de lisser la saisonnalité et de compléter la vocation balnéaire de la région.

3 questions à Ali Lahrichi
« Le Maroc a pris le virage de la coopération Sud-Sud, ce qui dérange les partenaires traditionnels »

Ali Lahrichi, Doyen de l'Institut des Sciences politiques, juridiques et sociales de Mundiapolis et chercheur en relations internationales, nous donne sa lecture sur le développement des régions du Nord du Maroc et son impact sur les relations maroco-espagnoles.
- Le Maroc a lancé, ces dernières années, une série de projets de développement économiques dans les régions du Nord, projets considérés par certains cercles en Espagne comme des mesures d'encerclement des villes occupées de Sebta et Melilia. Quelle est votre lecture à cet égard ?
- Les régions du Nord du Maroc ont été enclavées durant de longues années, ce qui a généré une certaine précarité au niveau de toute la zone. Un état des lieux qui a profité aux Espagnols via les deux villes occupées de Sebta et Melilia, qui sont un carrefour de la contrebande entre le Maroc et l'Espagne.
Bien que cette activité ait généré quelques emplois journaliers, sur le plan globale, elle a contribué au creusement de la précarité dans la région, sans oublier qu'elle a également aidé à la détérioration des conditions des droits de l'Homme, des populations locales qui travaillaient dans des conditions déplorables, d'où d'ailleurs le très fameux qualificatif des femmes ou hommes «mulets». Les pertes ne sont pas qu'économiques, mais également sociales. C'est pour remédier à ces problèmes que le Maroc a lancé une série de projets structurants dans l'objectif de désenclaver ces régions, et ce, conformément au chantier de la régionalisation avancée.
Le projet de désenclavement a commencé avec la construction de Tanger Med, puis au fil du temps d'autres chantiers ont suivi naturellement. Maintenant, l'objectif de cette initiative n'est pas que local, il a une vocation internationale. Le Maroc s'inscrit dans ce qu'on appelle un courant «néoréaliste», ce qui veut dire que les Etats doivent maximiser leurs puissances pour défendre les intérêts de leurs citoyens.
- On remarque aussi que certains pays au-delà de l'Espagne épinglent le développement transversal du Maroc. Pourquoi une telle agitation ?
- Effectivement, l'émergence du Maroc, en tant que puissance, dérange l'Espagne et plusieurs pays européens, tels que la France, ou encore l'Allemagne. Premièrement, car le Maroc est devenu un concurrent de ces pays en Afrique. Le développement du Maroc a pris le virage de la coopération Sud-Sud. On maintient les alliances et les partenariats stratégiques avec les alliés traditionnels, mais en même temps on se tourne vers d'autres pays. D'autant plus que les modalités de partenariats ont changé, puisqu'aujourd'hui le Maroc cherche le win-win, loin des parallélismes anciens où l'Europe était le centre de tout. Cette nouvelle approche, qui a d'ores et déjà montré ses bienfaits, dérange les pays précités, puisqu'ils voient les opportunités vers l'Afrique se réduisent.
- Le Maroc a mis en place, en 2020, un arsenal juridique délimitant et réglementant l'intégralité de ses espaces maritimes, ce qui suscite également l'ire du voisin ibérique. Quels sont les enjeux de cet arsenal ?
- Le droit maritime international donne aux pays la possibilité de prendre ce genre de décisions, sachant que la zone économique exclusive est fixée à 200 miles. Le Maroc a acté cette décision pour exploiter toutes les ressources naturelles dans son territoire, notamment dans les provinces du Sud. Les enjeux sont multiples, étant donné que les espaces littoraux du pays constituent une ressource importante au développement économique, au niveau de la pêche, l'aquaculture, l'import et export...
Reste encore le tracé des frontières maritimes qui doit se faire avec l'Espagne pour ce qui est des Iles Canaries. Le Maroc a exprimé sa volonté de s'asseoir autour de la table, dans l'esprit d'une coopération étroite et privilégiée à la hauteur des intérêts communs, mais le voisin ibérique refuse la démarche entreprise par le Royaume.
Recueillis par S. A.


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