Un défenseur à l'âge incertain, un joueur professionnel qui joue sans protection sociale, des rumeurs presqu'avérées qui font de l'ombre à la réputation de Chancel Mbemba. Mais qui est-il vraiment ? Dimanche 21 janvier, à l'issue d'un match disputé et tendu entre deux équipes majeures du continent africain, le Maroc et la République démocratique du Congo, Walid Regragui va comme à son habitude, saluer les joueurs de l'équipe adversaire. Parmi eux, le capitaine congolais, Chancel Mbemba. Ce dernier, de façon sidérante mais tout à fait assumée, va refuser de lui tendre la main, insinuant au coach marocain qu'il a eu des propos d'ordre raciste, lui que l'on sait pourtant exempt de tout reproche lorsqu'il s'agit du respect et des valeurs.
La suite, nous la connaissons, Walid Regragui se sent légitimement insulté, puis réagit, il se retrouve ensuite sanctionné de 4 matches de suspension, dont 2 avec sursis, par la Commission de discipline de la CAF.
Partant de cela, les deux professionnels du monde du football vont se retrouver sous une tempête médiatique, principalement en Afrique, et vont tous deux recevoir des messages insidieux de la part de supporters à la morale reprochable.
Mais alors, qu'en est-il de la réputation du joueur ? La notoriété de Chancel Mbemba Mangulu, depuis ses débuts dans le monde professionnel, est dénuée de neutralité, puisqu'à plusieurs reprises médias et journalistes sont revenus sur son intégrité, notamment concernant son âge présumé.
Alors que l'on sait le congolais né le 8 août 1994 à Kinshasa (date officielle), il semblerait qu'à plusieurs reprises et dans différents clubs, il y ait eu des zones d'ombre sur son parcours et sur la véracité autour de cette date de naissance.
Outre les problèmes légaux de régularité lors de la sélection d'un joueur dans les sections jeunes, la question de l'âge est importante dans le cadre de la règlementation de transfert de joueurs mineurs. Lorsqu'il évoluait en Belgique, du côté d'Anderlecht, ses dirigeants assuraient qu'il avait bien vu le jour en 1994. Ses premières licences, signées dans les clubs de La Grâce et de l'AS Mputu, en RDC, indiquaient pourtant qu'il est né le 8 août 1988. Le président de l'AS Mputu affirmait, lui, en 2015, que son joueur était bien né en 1988. En juin 2011, alors qu'il participe à un match de qualification pour la Coupe d'Afrique des nations avec son équipe nationale, sa fédération assure qu'il était né le 30 novembre 1991. De surcroît, certaines interviews de Mbemba ont ressurgi dans lesquelles il assume être de 1990... De quoi jeter un peu plus le flou sur son âge. Au total, ce ne sont pas moins de quatre dates de naissance différentes qui sont évoquées.
Finalement, en 2013, un tribunal de Kinchassa a statué qu'il est bien né le 8 août 1994, pour le bonheur de la Fédération congolaise de football (FECOFA), après que le son club de l'époque, le RSC Anderlecht avait demandé à Mbemba qu'il éclaircisse cette affaire. Toujours en 2013, la FIFA avait déclaré à CNN, la chaîne de télévision américaine, avoir ouvert une enquête pour cette raison. En outre, le club du FC Porto, avec qui il a joué de 2018 à 2022, avait refusé de le prolonger à cause de ses doutes sur son âge.
Du côté de l'OM où il est arrivé en 2022, la question ne se pose pas : « Le défenseur central arrive à 27 ans, et il n'en avait pas plus de 17 lorsqu'il avait rejoint Anderlecht », annonce le club lors du recrutement du congolais. Le capitaine de la RDC, qui exerçait le métier d'électricien avant de débuter sa carrière, a aussi fait objet d'accusations de la part du journaliste français indépendant Romain Molina. Ce dernier affirmait lors d'une enquête publieé sur CNN en 2013, l'existence d'un « esclavagisme moderne », et d'« un réseau belgo-congolais vomitif », duquel Mbemba faisait partie, le poussant à jouer sans couverture sociale lors de son passage à Anderlecht.
Ainsi, il reste beaucoup de questions autour du joueur congolais, remettant en cause son honnêteté et son intégrité, lui qui a eu des déclarations houleuses à propos du sélectionneur des Lions de l'Atlas, et dont le comportement lors de cette affaire n'a pas été tout à fait innocent.