Le monde arabe connaît depuis quelques semaines des bouleversements profonds et des soulèvements qui ont conduit au changement de régime en Tunisie et en Egypte et à des affrontements sanglants au Yémen et en Libye. En analysant les causes de ces révoltes populaires, on constate l'existence d'un dénominateur commun : l'absence de démocratie réelle, la mise en place d'un système autoritaire qui consacre la dictature d'une personne ou d'un lobby au pouvoir et le refus des présidents de la République d'accepter les résultats des urnes et qui s'accrochent à leur siège en procédant au changement des dispositions de la Constitution pour assurer une présidence à vie. En Libye, l'exigence populaire d'entamer des réformes politiques, économiques et sociales a suscité la colère de Kadhafi qui a menacé, dans un discours enflammé, de liquider tous ceux qui osent protester contre son pouvoir illimité. A cet égard, les informations en provenance de la « Jamahiriya » font état de centaines de morts à Benghazi et de milliers de blessés parmi les populations civiles. Le Conseil de Sécurité a exigé la fin immédiate de la violence et plusieurs pays et organisations de défense des Droits de l'Homme ont condamné le recours à la violence et le massacre des manifestants et des opposants au régime de Kadhafi. Pour sa part, le Maroc s'est déclaré « extrêmement préoccupé par la spirale de la violence en Libye » et « rejette et condamne le recours à la violence contre les populations ». Le Maroc souhaite « une solution pacifique et urgente face à cette situation tragique, une solution qui réponde aux revendications légitimement exprimées par la population ». Le Maroc s'est également déclaré préoccupé par la sécurité sous-régionale en raison d'éventuels impacts sur la région maghrébine et sahélo-saharienne. L'évolution de la situation en Libye suscite de vives inquiétudes et il est regrettable qu'au lieu d'opter pour la démocratie et d'assurer l'expression de la volonté populaire, Kadhafi préfère pratiquer la politique de la terre brûlée et recourt à la force et à des mercenaires sanguinaires armés jusqu'aux dents pour réprimer des populations désarmées. Kadhafi, qui se prend pour un lion, qui pense que la Révolution c'est lui et qu'après lui c'est le déluge, commet un véritable génocide et attise les rivalités ethniques et tribales. Le monde arabe n'a pas de choix à faire. Il doit opter pour la démocratie, c'est la seule issue pour assurer la stabilité et la sécurité. D'ailleurs, il ne faut pas oublier que les Etats-Unis avaient promis l'établissement « d'un nouveau Moyen-Orient » et avaient à l'époque mis en garde les pays arabes contre l'absence de démocratie. Aujourd'hui, on constate que cette exigence est en train de se concrétiser étape par étape.