La lutte contre l'économie de rente a constitué l'une des revendications fondamentales et constantes du peuple marocain compte tenu de ses effets néfastes sur le plan économique et des injustices qu'elle crée sur le plan social. En effet, l'économie de rente, selon les estimations des experts, représente entre 1,5 et 2% du PIB et un manque à gagner pour les recettes de l'Etat. La publication des listes des bénéficiaires d'agréments de transport de voyageurs par autocars a fait apparaître qu'il s'agit de 11.000 agréments qui sont en circulation, dont 70% sont loués par les rentiers à des exploitants et 30% seulement sont exploités directement par leurs détenteurs. Selon ces listes publiées, on constate le caractère injuste et inéquitable de l'attribution de ces agréments dont ont profité des personnes aisées et favorisées qui exploitaient le plus souvent plusieurs agréments sans fournir aucun effort pour contribuer à la création d'emplois et au développement de l'activité économique. Certes, on peut comprendre et admettre que des personnes démunies et sans revenu ou celles qui ont servi la Patrie tels que les résistants et anciens membre de l'Armée de Libération, les familles des martyrs tombés sur le champ d'honneur pour défendre l'intégrité territoriale ou des éléments des FAR, de la Gendarmerie, de la Sûreté Nationale ou des Forces Auxiliaires blessés au cours des combats au Sahara, puissent bénéficier d'un revenu mensuel pour faire face aux besoins de la vie quotidienne, mais que des riches exploitent des agréments pour accumuler les gains et les richesses, cela s'avère inadmissible. Evidemment, c'est la publication des listes des bénéficiaires des agréments de transport des grands et petits taxis qui mettra en relief les abus et les injustices qui caractérisent cette opération qui relève du ministère de l'Intérieur. D'un autre côté, la publication des listes des attributaires d'agréments pour l'exploitation des carrières de toutes sortes : sable, marbre, gravite, etc… dévoilera les injustices commises à ce niveau puisque certains agréments permettent à leurs détenteurs de réaliser un gain de 200.000 dirhams par jour. Selon les professionnels, l'exploitation des carrières représente annuellement pour le budget de l'Etat un manque à gagner de l'ordre de 5,5 milliards de dirhams du fait que les détenteurs de ces carrières ne paient pas d'impôts au Fisc et de taxes au profit des collectivités locales dont relèvent territorialement ces carrières. Plus grave, l'exploitation abusive des carrières, en général, et celle du sable marin, en particulier, provoque une véritable catastrophe environnementale du fait de l'absence de contrôle et du non-respect des cahiers des charges. Pour ce qui est de la pêche hauturière, le caractère abusif et inégal des autorisations attribuées à des privilégiés est flagrant. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir quelles sont les mesures qui seront prises après la publication de ces listes. De toute évidence, ce qui importe en premier lieu, c'est de réorganiser ce secteur, tout en respectant les droits acquis pour certains bénéficiaires sans revenu qui ont besoin de ressources pour vivre ou ceux qui méritent d'être récompensés pour les sacrifices consentis en servant la Patrie. Il faut aussi effacer le caractère injuste et inéquitable qui a caractérisé l'attribution de ces agréments et exiger un cahier de charges qu'on dit obligatoirement respecter. L'économie de rentre doit être combattue dans le cadre d'une politique de lutte globale contre les privilèges et les passe-droits. Le Maroc démocratique ne peut admettre des inégalités et des abus de ce genre.