Le futur Premier ministre du PakistanNawaz Sharif a tendu la main lundi aux Etats-Unis et à l'Inde voisine après son triomphe aux législatives de samedi, qualifiées par les Occidentaux de «victoire pour la démocratie». Chef du gouvernement à deux reprises dans les années 90, ce magnat de l'acier âgé de 63 ans, avait joué pendant la campagne électorale sur le fort antiaméricanisme prévalant dans son pays. Mais à l'heure de redevenir Premier ministre, il se montre déjà plus pragmatique. «S'il y a des préoccupations, nous devons en parler et renforcer cette relation» entre le Pakistan et les Etats-Unis, a affirmé lundi M. Sharif au cours d'une rencontre avec des journalistes étrangers. Washington, premier bailleur de fonds du Pakistan, soupçonne régulièrement son allié officiel dans la «guerre contre le terrorisme» de jouer «un double jeu» avec les groupes islamistes, y compris les rebelles talibans en Afghanistan. Le dossier afghan sera d'ailleurs l'un des éléments-clés de cette relation, car la majorité des forces de l'Otan, principalement américaines, doivent quitter ce pays d'ici à la fin 2014, et une grande partie de leur matériel militaire doit être rapatriée via le Pakistan. Et Washington aura besoin d'Islamabad, allié historique des talibans afghans, s'il veut négocier la paix avec ces derniers. «Nous allons leur (aux Etats-Unis, ndlr) accorder notre plein soutien et nous allons voir que les choses vont se dérouler tout en douceur», a affirmé M. Sharif, qui s'est toutefois montré préoccupé par les tirs de drones américains visant Al-Qaïda et ses alliés talibans dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan. «Les drones sont un défi à notre souveraineté. C'est un sujet très important et nos inquiétudes doivent être bien comprises», a déclaré M. Sharif, ajoutant qu'il en parlerait à ses «amis américains». Celui qui s'apprête à devenir le premier homme politique pakistanais à avoir été trois fois Premier ministre a ajouté qu'il serait «très heureux» d'inviter à la cérémonie devant marquer son entrée en fonctions son homologue indien Manmohan Singh. Dès dimanche, M. Singh avait souhaité ouvrir avec M. Sharif «une nouvelle page» dans les relations mouvementées entre les deux pays et l'avait invité à se rendre en Inde.