Le rapport présenté par le ministre de la Communication sur les efforts pour la promotion de la liberté de la presse est vraiment idyllique. On ne peut pas rêver mieux. Sauf si on est « ingrat ». Il est vrai que des progrès ont été enregistrés dans plusieurs segments médiatiques. Certes, selon ce rapport annuel sur les efforts pour la promotion de la liberté de la presse au titre de l'année 2014, on n'a enregistré aucun cas de torture, d'enlèvement, de fuite à cause de menaces, ou de cessation d'activités professionnelles à cause de pressions politiques, ou encore d'empêchement de journalistes d'exercer leur métier en raison de leur sexe, leur origine ou leur religion, de même qu'aucun journaliste n'a été tué ou emprisonné sans procès. Toutefois, on déplore la manière musclée de l'expulsion dont ont fait l'objet les deux journalistes français tout récemment. Certes, le Maroc, en Etat souverain, est dans son droit d'empêcher quiconque d'exercer sur son territoire sans autorisation et en dehors des lois en vigueur en la matière, mais avait-on besoin de tant de publicité qui risque de se retourner contre nous comme un boomerang ? La question mérite en tout cas d'être posée. Un autre volet où le Maroc aurait enregistré en 2014 un progrès notable, relève, d'après le rapport présenté par le porte-parole du gouvernement, de la consolidation de l'approche genre dans les médias. Seulement, au vu des chiffres en la matière présentés par M. El Khalfi, il n'y a pas de quoi pavoiser. Avec quelque 630 femmes journalistes titulaires de la carte professionnelle, équivalant à un taux de moins d'une femme sur trois journalistes, force est de reconnaître que la profession traîne encore quelques boulets misogynes. Et ce ne sont pas les 12 femmes qui se sont ajoutées de 2012 à 2014 qui feront le printemps de la parité dans la profession. Plus grave, le rapport note que la présence des femmes dans les médias publics a également progressé, signalant que, d'après les relevés de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), les interventions des personnalités publiques féminines dans les émissions d'information, au titre du deuxième trimestre de l'année 2014, n'ont même pas atteint les 10%. Piètre consolation, car elles n'étaient que 5 % pour la même période de l'année 2013. Espérons que l'amendement de la loi 77.03 relative à la communication audiovisuelle, adopté en 2014, fera avancer les choses en matière de promotion de la culture de l'égalité entre les sexes et de la lutte contre les stéréotypes basés sur le genre. Le rapport stipule aussi qu'en 2014, les autorités ont assisté les journalistes à fonder des associations professionnelles, étant donné qu'un bon nombre d'associations du genre, relevant du secteur de l'Information et de la Communication ainsi que de la presse électronique, a vu le jour au niveau national et régional. Cette « assistance », quand bien même serait-elle louable, n'empêche qu'elle peut être une arme à double tranchant dans la mesure où le risque d'assujettir ces associations professionnelles « assistées » est grand. Enfin, et pour ne pas faire long, le rapport loué par le ministre de la Communication parle encore et toujours du Code de la Presse et de l'Edition en tant que projet à la longue gestation. Hormis ces quelques bémols, ce que contient le rapport est positif.