Les combattants de Da'ech ont pris le contrôle de 90 % du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, situé dans la banlieue de Damas, a annoncé, samedi 4 avril, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Avec cette offensive, les jihadistes ne sont plus qu'à une poignée de kilomètres de la capitale syrienne. Da'ech a lancé, mercredi dernier, l'assaut sur Yarmouk. Repoussés le lendemain par des combattants palestiniens, les jihadistes ont finalement repris le terrain perdu, et avancé au point de détenir 90% du camp, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, a affirmé que le front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda avait aidé l'EI à entrer dans le camp, pourtant son rival dans le complexe conflit syrien. Des responsables palestiniens ont également accusé Al-Nosra d'avoir facilité l'arrivée de Da'ech dans le camp. Au moins 18 personnes sont mortes dans les violences depuis mercredi, a encore dit M. Abdel Rahmane, 6 civils et 12 combattants palestiniens. Deux d'entre eux ont été décapités. Les Nations unies se disent extrêmement préoccupées pour la sécurité et la protection des quelque 18 000 civils, syriens et palestiniens, qui y vivent encore. « La situation à Yarmouk est un affront à notre humanité à tous, une source de honte universelle », a déclaré Chris Gunness, porte-parole de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). « Yarmouk est un test, un défi pour la communauté internationale. Nous ne devons pas échouer. La crédibilité du système international lui-même est en jeu », a-t-il dit. D'autre part, une semaine après la capture d'Idleb par Al-Qaïda et ses alliés, les rares habitants restés dans cette ville syrienne meurtrie par les combats peinent à revenir à la vie normale. Seuls quelques épiciers et vendeurs de fruits et légumes sont visibles dans les rues quasi désertes de cette grande ville, la deuxième capitale provinciale de Syrie. "Les ventes et les achats sont très faibles, surtout depuis que tout le monde a fui la ville", affirme un commerçant qui tient un magasin d'épices. Dépité, il assure que "ce n'est pas la marchandise qui manque", mais les clients. Son commerce est l'un des rares à avoir rouvert après les affrontements acharnés qui ont secoué la ville avant que celle-ci ne tombe aux mains du Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et de plusieurs groupes rebelles islamistes. Les rues témoignent de la violence des combats: devantures de magasins éventrées, voitures calcinées, maisons effondrées, vitres brisées et débris jonchant les trottoirs. La circulation reste faible, les passants rares et d'innombrables échoppes fermées. L'eau a été rétablie, mais pas l'électricité. Le patrimoine culturel d'Idlib pillé par les jihadistes D'après l'OSDH, la ville, qui comptait plusieurs centaines de milliers d'habitants, n'en abrite plus que quelques milliers. "Certains ont peur de revenir", affirme Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. "Ceux qui ne veulent pas vivre sous Al-Nosra et des islamistes, sont partis pour Lattaquié", province limitrophe de celle d'Idleb et en majorité sous contrôle des autorités syriennes. L'OSDH a rapporté cette semaine que des échoppes vendant de l'alcool ont été incendiées et de grandes quantités de tabac brûlées dans la ville. Dans les rues, des motocyclistes arborent le drapeau d'Al-Nosra, visible également sur les places et certains bâtiments gouvernementaux. De même, le nom d'Ahrar al-Cham, influent groupe islamiste ayant participé à la prise de la ville, est peint sur des murs et des vitrines". Environ 15.000 antiquités enfermés dans des lieux sûrs près de la ville d'Idlib, au nord-ouest de la Syrie risquent d'être vendus sur le marché noir, a déclaré le directeur général des antiquités et des musées de Syrie, Maamoun Abdulkarim. "Ce qui est arrivé à Idlib est un véritable désastre. C'est la pire catastrophe jusqu'à présent que subit la culture de la Syrie", a dit Abdulkarim. "Les 15.000 pièces en question ont été fabriqués tout au long de la riche histoire de la Syrie, qui remonte à des millénaires", précise-t-il. La région d'Idleb est importante sur le plan historique et compte un certain nombre de cités antiques dont celle d'Ebla (Tall Mardikh), autrefois capitale d'un grand royaume. "Les groupes armés ont chassés les employés du musée", a-t-il affirmé, ajoutant que les trésors de la Syrie pourraient être clandestinement vendus en Turquie. Damas estime que plus de 1500 pièces auraient été volées dans les musées de Raqqa, ville devenue le bastion de Da'ech, et de Deir Atiyah, au nord de Damas. "Lorsque le gouvernement contrôlait Idlib, ces 15.000 antiquités étaient stockées dans des lieux sûrs, afin qu'elles soient préservées et protégées", a indiqué Abdulkarim.