C'est désormais connu, le Cameroun n'entend pas se faire surprendre par les attaques de Boko Haram avec des incursions épisodiques. D'ailleurs, les combattants de ce mouvement islamiste, sous la pression de l'armée nigériane qui mène des offensives à partir de l'Ouest et pourchassés par les Tchadiens présents plus au nord, tentent fréquemment des percées vers le Cameroun, à l'Est. L'armée camerounaise a ainsi déployé près de 200 hommes en renfort à Zelevet, à 40 kilomètres de Kolofata, suite à un accrochage qui avait fait dernièrement deux morts dans les rangs camerounais. Les incursions des combattants insurgés ne semblent pas surprendre outre mesure les Camerounais. Ces derniers ont néanmoins décidé de déployer une compagnie et une batterie d'infanterie pour protéger le maillon faible de Zelevet. L'attaque, samedi, des insurgés à Zelevet avait tout l'air d'une opération de représailles. Mais dans la plupart des cas, les insurgés mènent avant tout des incursions pour se ravitailler. « Ils le font quotidiennement pour voler du bétail ou, parfois, pour troquer leurs marchandises contre du carburant », signale un bon connaisseur de la région. A noter que les tirs d'artillerie camerounais, dimanche, ont été menés suite à « une bonne coordination avec l'armée nigériane », selon une source militaire camerounaise. Depuis un mois et demi, cette collaboration tactique et opérationnelle se fait au quotidien et des éléments des deux contingents se voient, même physiquement, une fois par semaine. « Ce n'est pas encore de la coopération stratégique et cela n'a rien à voir avec l'élection de Muhammadu Buhari à la présidence du Nigeria », tempèrent nos informateurs qui précisent que la fréquence accrue des échanges est liée à la plus grande proximité géographique entre les deux forces.