La 38ème édition du Rallye Dakar, la huitième en Amérique du Sud, a débuté samedi 2 janvier 2016 à Buenos Aires, capitale de l'Argentine. Pendant 14 jours, motos, quads, automobiles et camions vont parcourir 9.300 km en Argentine et en Bolivie. 550 concurrents, dont 180 en motos et 80 en camions, doivent affronter des reliefs différents et des climats variant de zéro degré à 45. Pour l'histoire, sachez que l'aventure a débuté en 1977. Thierry Sabine se perd en moto dans le désert de Libye au cours du Rallye Abidjan-Nice. Sauvé des sables in extremis, il rentre en France subjugué par ces paysages et se promet de faire partager cette découverte. Il imagine alors un parcours partant d'Europe. Le tracé rejoindrait Alger, puis traverserait Agadez pour s'achever à Dakar. Le fondateur associe une devise à son inspiration : " Un défi pour ceux qui partent. Du rêve pour ceux qui restent ". Avec une forte conviction et le soupçon de folie propre aux grandes idées, le projet se concrétise rapidement. Le Paris-Dakar, une compétition à part qui fait place aux sans-grades et qui porte un message d'ouverture vers l'autre, interpelle, surprend et séduit. Pendant près de trente ans, des histoires de sport et d'hommes s'y sont écrites. Le Gadiri Harite Gabari participe pour la troisième fois au Dakar, dans la catégorie moto. C'est le seul Marocain représentant à la fois son pays, le Maghreb, le monde arabe et l'Afrique, dans cette catégorie. Il dira à cette occasion : « Après deux participations au Dakar en 2011 et 3013, je pars aux commandes d'une moto KTM neuve et bien entouré du Team professionnel français Casteu... je me défendrai pour parvenir au meilleur classement et représenter la nation marocaine avec honneur ». Le palmarès de Harite est assez élogieux avec 9 fois champion du Maroc Enduro ; 7 fois champion du Maroc Ralley Raid ; 2 participations au Dakar avec 2 podiums ; 6 participations au Rallye du Maroc et meilleur pilote privé. Le Dakar est la plus grande course de Rallye Raid au monde. Il ne suffit pas seulement de participer au Dakar, il faut le terminer. C'est là où résident toutes les difficultés dans cette compétition sportive de premier ordre. Le Dakar, c'est 634 heures de diffusion télé dans 185 pays et 44 millions de pages lues sur www.dakar.com en un mois. Il est à savoir que la participation de Harite au Dakar est un vrai exploit personnel, puisqu'il court en amateur. C'est la 3ème fois qu'il se bat pour avoir des sponsors en vain, sauf l'apport précieux de Khalid Kabbage, à travers Paradis Plage, qui a toujours bien soutenu Harite. Les autres sponsors sont comptés sur les doigts d'une seule main. Et dire qu'avec tout l'argent qui coule dans le Souss, on est incapable de soutenir un champion, seul représentant de son pays au Dakar. C'est un non-sens absolu. Le Conseil Régional Sous-Massa devrait faire beaucoup plus que les 40.000 DH alloués, pour prendre en charge le billet aller-retour de Harite et une partie des frais de séjour. Heureusement dans ce tableau morose, en l'absence de grands sponsors purement soussis, Mme Zineb El Adaoui a reçu Harite et l'a encouragé matériellement et moralement, en lui organisant au siège de la Willaya un point de presse et une réception en son honneur, à la veille de son départ. Un geste qui fait chaud au cœur et qui a été vivement apprécié par Harite et par tous les amis qui le soutiennent. Ceci dit, on doit mettre fin définitivement à ce manque de sponsoring vis-à-vis des sportifs individuels dans diverses disciplines : motos, surf ; winf surf, tennis, golf, athlétisme, etc... La solution la plus appropriée est la création d'un Fonds Provincial de Soutien aux Sportifs Amateurs, avec les sponsorings nécessaires qu'il faut. Les grands sponsors doivent être membres du Conseil d'Administration de ce Fonds pour gérer eux-mêmes leur argent. Un sportif doit se consacrer aux préparations, aux entraînements et ne pas perdre le temps à la recherche de sponsors qui ne répondant pas positivement, tant à l'échelon national que régional. Du côté de la Fédération Royale de Motos, c'est encore grave du fait de manque de soutien adéquat vis-à-vis d'un représentant du Maroc au Dakar. C'est le cas, malheureusement, pour la participation de 2016, comme ce fut le cas pour les précédentes éditions. Il est à savoir que Harite Gabari a été contacté à la fin de sa première participation du Dakar, par la Fédération Qatarie de Moto qui lui proposait de le sponsoriser à cent pour cent, à condition de rouler pour le drapeau qatari. En vrai nationaliste et fervent citoyen marocain, Harite a décliné l'offre et a préféré courir pour le drapeau de son pays. Bravo au patriotisme exemplaire de Harite, malgré toutes les réticences de sponsoring qu'il a essuyées tant à Agadir qu'à Casablanca de la part d'établissements privés, mais également de la part d'organismes étatiques tel que l'ONMT qui n'a jamais répondu à la sollicitude du champion malgré ses brillantes participations au Dakar. Il y a de quoi avoir honte pour ces établissements. Au lieu de bien soutenir Harite pour qu'il passe professionnel et ainsi devenir un grand représentant du Maroc, on l'ignore et on le laisse se débrouiller tout seul, à tel point qu'il avait mis en vente, sur Facebook, sa moto pour réunir les fonds nécessaires au paiement de sa moto, frais de participation et frais de voyage. Et dire qu'en tout il avait besoin d'un million de DH, dont 450.000 DH pour l'achat d'une nouvelle moto, afin de participer dignement au Dakar. Bon courage à Harite, qui mérite bien d'encouragements et de félicitations, juste pour sa troisième participation au Dakar, en tant que seul Marocain et Maghrébin, Arabe et Africain, avec des moyens de bord très limités et concourir avec de grands professionnels dotés de grands moyens et d'une assistance mécanique de premier ordre. Tu es la fierté d'Agadir, du Souss et de tout le pays, malgré les souffrances morales qu'on t'a infligées. Très bonne continuation et très bonne participation.