En Afrique, les joutes électorales sont véritablement un parcours du combattant tant il est vrai qu'à chaque étape du scrutin, c'est l'incertitude qui plane : le manque de transparence, le bourrage des urnes, contestations et violences. Mais le plus insupportable est l'angoisse des résultats. Ce temps d'attente, ce moment fatidique pendant lequel l'organe, chargée de la proclamation des résultats, doit dévoiler le nom du vainqueur. Celui à qui la majorité des électeurs a donné sa voix. Ce qui vient de se passer au Gabon en la parfaite illustration. Depuis avant hier mardi, toute la population de ce pays avait les yeux rivés sur la Commission électorale nationale permanente, après le vote du samedi 27 août sur l'ensemble du territoire. Le rendez-vous était pris pour le 30 du même mois pour connaître qui d'Ali Bongo Odimba (candidat pour sa propre succession, après un mandat de sept ans) ou de Jean Ping (candidat de l'opposition coalisée) va diriger le Gabon. Au moment où nous mettions sous presse cet article, ce mercredi 31 août (peu avant midi), la CENAP n'avait toujours rien annoncé. Pire, elle venait de reprendre ses travaux devant des Gabonais médusés avec une communauté internationale de plus en plus préoccupée de l'issue finale. Une inquiétude bien fondée au regard de la surenchère que se livrent les deux camps adverses. Tous deux se proclamant vainqueurs des urnes. Un climat attisé également par le communiqué final des observateurs de l'UE, lesquels ont sévèrement critiqué, lundi, le manque de transparence du processus électoral à la veille de l'annonce des résultats officiels. Pour sa part, l'opposant Jean Ping a appelé le peuple à défendre par tous les moyens sa victoire auto-proclamée au scrutin de samedi. Un ensemble d'éléments qui n'augurent pas d'un lendemain de paix et de concorde de cette présidentielle gabonaise de 2016. Résultat : c'est le cafouillage avec pour risques la contestation des résultats aux conséquences imprévisibles. Ce genre de situation n'est pas propre au Gabon. L'expérience a été vécue dans d'autres pays où les élections ont débouché sur des guerres ethniques et fratricides. Elle dénote aussi une seule chose : la fragilité des institutions appelées à gérer les élections. Et ça c'est encore plus inquiétant car cette fragilité amène l'instabilité permanente, fossoyeur de la démocratie.