Le déficit criard en enseignants conjugué à une offre scolaire insuffisante et une gestion peu efficace des ressources humaines disponibles ont fait que nos classes, même au primaire, comptent parfois plus de 50 élèves et souvent plus de 40 élèves par classe. La situation est très délicate et peu vite devenir «ingérable», selon plusieurs enseignants et directeurs d'établissements, si une solution n'est pas trouvée afin de résoudre la problématique d'une surcharge de l'effectif qui nuirait à la qualité de l'enseignement, maintient enseignants et apprenants dans un stress permanent et réduirait à néant toute tentative de mise en œuvre des fameuses mesures prioritaires lancées en grande pompe par le ministère de l'éducation. Selon des sources officielles, sous Hautes instructions du Souverain, un plan d'urgence pour parier au manque d'enseignants est en phase d'exécution. Une rallonge budgétaire exceptionnelle est accordée au ministère de l'éducation pour embaucher des enseignants et faire face à cette situation. Les 12 académies sont appelées à déterminer avec précision leurs besoins en ressources humaines et se préparer à la mise en œuvre du mécanisme de recrutement qui privilégiera, sans doute, un recrutement contractuel régional. On avance déjà le chiffre de 10.000 personnes à embaucher, reste à déterminer les dispositions procédurales. La situation actuelle est plus que préoccupante, l'égalité des chances, principe éducatif fondamental, est malmenée dans nos établissements scolaires qui étouffent sous le poids de la surcharge d'effectif. Jadis mesure exceptionnelle dans certaines zones d'habitation nouvellement créées où le développement de l'offre scolaire n'a pu répondre à l'affluence massive des apprenants, le phénomène tend à devenir la norme après des départs d'enseignants à la retraite anticipée mal maitrisés et l'incapacité des pouvoirs publics à anticiper sur une situation prévisible. On a pris la décision de stopper net les nouvelles créations d'établissements sous prétexte d'achever les chantiers déjà en cours. On a limité les recrutements d'enseignants, et même ceux formés cette année ne comptent que quelques semaines de formation après des sit- in qui ont duré des mois suite à la décision de dissocier formation et recrutement et même les 161 millions de dirhams alloués à la formation de 10.000 cadres éducatifs pour le privé semblent jetés à l'eau après les manifestations récurrents de ces cadres formés pour intégrer l'enseignement public. L'encombrement dans nos classes commence à cristalliser le malaise sur un état des lieux général de l'enseignement dans notre pays. Des parents d'élèves via leurs associations commencent à élever la voix sur une situation qu'ils jugent intenable. Des syndicats observent des sit-in devant les directions provinciales pour protester contre la surcharge et la dégradation des conditions de travail et certains directeurs d'établissement manifestent leur désarroi devant une situation qu'ils ont du mal à maitriser. Si tous les acteurs du système éducatif font la démonstration de leurs craintes, force est de constater que c'est, in fine, l'élève, et surtout l'élève en difficulté, qui est lourdement pénalisé dans cette situation. Le surnombre bloque toute pratique d'un enseignement individualisé pour repêcher certains élèves en difficultés et ouvre la voie à l'échec scolaire et au décrochage. 2016-2017 devait être l'année de la mise en œuvre des 23 mesures prioritaires pour réformer une énième fois le système éducatif, mais le système s'enlise dans ces multiples dysfonctionnements qui hypothèquent tout changement positif à court terme. Un recrutement d'enseignants actuellement pourra sans doute soulager un système qui étouffe sous le poids du sur effectif.