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Du 27 au 30 octobre s'est tenue à Essaouira la 13ème édition des Andalousies atlantiques. Une rencontre de paroles et de musique placée sous le thème «Nos Andalousies». : Un festival à coeur battant
Par Anis Hajjam Il serait stupéfiant de ne pas être troublé par ce qui se dit et se chante à Essaouira, le temps d'un festival salvateur. Cette ville est un écrin bouillonnant de voix tues et que seul cet événement a la magie de mettre à nu, contrairement à des lieux où la bien-pensance parle sans dire. Les Andalousies atlantiques, un cas hors normes. Un lieu où tous les coups sont tolérés. La preuve par treize années d'entêtement acharné. Musulmans et Juifs s'y tiennent par la main, vivent l'instant, combattent l'amnésie. En filigrane, une prière: que le futur proche interpelle ce passé paisible et dénué des préjugés qui minent le présent. Les Andalousies atlantiques d'Essaouira sont un espace où les différences sont broyées, donnant lieu à ce qui embrasse à lèvres déployées la tolérance, même si on y travaille encore. Ce qui tient lieu de forum -libre et ouvert à l'envi- est une formidable remise en question. Nous ne saurons qui nous sommes si nous ne nous surprenons, quitte à nous faire violence, dans la sérénité. Essaouira accueille, par la volonté d'un bouillonnant maître de cérémonie du nom d'André Azoulay (fondateur du festival), des rencontres teintées d'ententes, parfois survolée d'incompréhensions, toujours constructives. André Azoulay, fidèle à ses engagements, fait du forum un lieu de questionnements. Officiels en civil, acteurs de la société civile et curieux de tous bords tentent à chaque édition d'y répondre. Ceux qui ne souhaitent pas prendre la parole sont invités à donner de la voix. On parle ou on chante. Les artistes qui investissent les scènes du festival font les deux, mêlant parfois la danse. Des sets époustouflants ont émaillé ces 13e Andalousies. La gracieuse Sanaa Maharati a transporté l'assistance en revisitant le répertoire de Sami Al Maghribi sous le regard enchanté de la fille du défunt. Raymonde El Bidaouia a mis le feu à travers des reprises de Abdelouhab Doukkali, Brahim El Alami, Najat Aatabou ou encore Abdelhadi Belkhayat. L'ensemble Sika Mogador de Rachid Ouchehad a traversé avec engouement l'univers oranais de Maurice El Medioni. Le trio Oud Caravane, composé de Nabil Khalidi, Karim Kadiri et Nasser Houari, a livré une prestation aux sons envoûtants et indéfinissables. D'autres encore ont saisi les festivaliers, à l'instar des "Jeunes Grands Maîtres", stars montantes de la musique andalouse venues de différentes villes marocaines. Le flamenco n'a pas claqué entre les doigts, puisque la Compagnie Rosario Toledo à fait trembler les planches. Qu'on perpétue ces moments de folles intensités.