On aura beau cogiter sur les tares et les avatars de l'élection présidentielle aux Etats Unis : la démocratie a toujours triomphé. Le perdant reconnait le vainqueur en le félicitant quelle que soit la férocité dans laquelle la campagne a été menée. Faut-il être un grand pays pour qu'il y ait une grande démocratie ? Peut-on dire. C'est le dernier acte posé par l'élection du 45ème Président des Etats Unis. C'est le rêve aussi que caressent tous les peuples du monde. Y compris l'Afrique. Ce continent qui est et reste à la traîne en matière de liberté d'expression, de liberté de penser et de se mouvoir. Certes, on ne peut pas balayer d'un revers de main le progrès démocratique réalisé par certains pays du continent. Ce qui confirme la règle. Mais comme le dit aisément Barack Obama : l'Afrique a besoin d'institutions fortes et non d'hommes forts pour se développer. Car le développement se fait dans la continuité, dans la stabilité, la transparence et le partage de la richesse de la nation sans exclusion aucune. C'est-à-dire pas au profit d'un clan, d'une caste ou d'un groupe d'intérêt. Ce rêve, pourtant possible, ne peut se réaliser que si les chefs d'Etat africains comprennent qu'après le pouvoir, il y a une vie. A partir du moment que la Constitution garantit l'exercice de deux mandats, pourquoi des présidents continuent à rafistoler le texte fondamental pour se maintenir indéfiniment à la tête de la magistrature suprême au risque de mettre leur pays à feu et à sang ? C'est cette leçon d'humilité que vient de donner le président des Seychelles. C'est l'histoire d'un chef d'État qui décide de démissionner, après douze ans de pouvoir. Ainsi le 16 octobre dernier, le président James Michel, qui avait pourtant été réélu démocratiquement l'année dernière, a cédé le pouvoir à son vice-président, Danny Faure, sous les acclamations de la foule. Une scène inimaginable dans d'autres pays. Au lieu de s'agripper au pouvoir, piller les richesses du pays, partager les postes ministériels et les hautes fonctions d'Etat à ses proches, il a préféré l'intérêt supérieur de son pays et pour inscrire ainsi son nom sur le marbre de l'Histoire des Seychelles. Quelle grandeur d'âme. On ne peut que tirer chapeau bas quand James Michel répond à cette question : « On dit souvent que c'est le clan qui pousse à rester au pouvoir. Est-ce que dans votre famille ou dans votre entourage, des personnes vous ont encouragé à ne pas démissionner ? » « Il y a beaucoup de gens. Il y a des milliers de gens, qui ont pleuré le jour où j'ai démissionné. Ils m'ont dit : il faut continuer. Mais je leur ai dit que le temps est arrivé pour que je quitte le pouvoir. Non pas que j'ai été forcé de quitter le pouvoir, mais je sens que le temps est arrivé, qu'il faut passer la relève. Il faut savoir partir en beauté », dit-il.