On a coutume de dire : « quand le bâtiment va tout va ». Au Nigeria, l'adage se ramène au pétrole. Quand l'or noir coule à flot, la vie est rose et belle, pourrait-on paraphraser... ça c'était avant. La situation économique de ce géant d'Afrique fait craindre le pire. En effet, les prix s'envolent, l'électricité manque, certains biens de consommation commencent à se faire rare, les pénuries de devises étrangères gèlent l'économie. Tous les signaux sont au rouge et pourtant les Nigérians restent d'infatigables optimistes. D'ailleurs, selon l'institut international de statistiques PEW Research, centre de recherche et de statistiques international, une très grande majorité des Nigérians (86 %) pense que la situation économique va s'améliorer dans les douze prochains mois contre 92 % l'an dernier, lorsque le pays était encore la première économie du continent devant l'Afrique du Sud. Toujours, d'après la même institution, la confiance dans l'avenir est encore plus forte lorsqu'il s'agit de sa propre fortune. Ainsi plus de 93 % des Nigérians pensent que leurs finances personnelles vont augmenter. Une confiance à toute épreuve. D'ailleurs, début janvier, Gallup International, autre institut de sondage, élisait le Nigeria comme le pays le plus optimiste au monde lorsqu'il s'agit de la prospérité économique. Pourtant, depuis le début de l'année, le prix du pétrole s'est effondré, entraînant le pays dans la crise mais rien ou presque n'érode la confiance en l'avenir. S'agit-il d'une mentalité ou d'une naïveté ? Toujours est-il qu'au Nigeria, la foi est grande. C'est un des pays les plus religieux au monde, les églises évangéliques fleurissent à chaque coin de rue. Tout comme les mosquées. Dans ce pays être optimiste autorise à imaginer que tout est possible. Cela donne une chance au surnaturel de se produire, pensent les Nigerians. Et dans les rues de Lagos, mégalopole congestionnée de 20 millions d'habitants, les paroles de Fela Kuti, le roi de l'afrobeat, ne semblent pas avoir pris une ride. Ainsi dans Suffering and Smiling (Souffrant et Souriant), album sorti en 1974, les Nigérians sont quarante assis dans un bus et quatre vingt-dix-neuf debout. Quand ils rentrent à la maison, plus d'eau. Lorsqu'ils vont se coucher, pas de lumière. Puis, ils s'endorment, souffrants mais souriants. Continuant à se battre et à prier, jusqu'à ce que le matin arrive. Eh oui, après la nuit, le matin revient toujours. Sacré Nigeria, si toute l'Afrique pouvait être ainsi. Rester optimiste en toute circonstance.