Saisi dans tous ses états, déjà depuis Ibn Khaldoun, en passant par Durkheim ou Bourdieu (deux sociologues français), le comportement agressif de l'individu au sein des manifestations à caractère social, est perçu comme une soupape. Il trahit une expression de refus de toutes formes de norme et d'autorité. Si l'Homme a pu instaurer les institutions, c'est pour protéger la société et garantir sa sécurité contre toutes les formes de violence. Les recherches orientées vers l'origine des comportements agressifs se sont depuis développées. Toutefois, elles rapportent le phénomène soit ses origines psychologiques, soit celles sociologiques. L'évolution de l'organisation humaine va engendrer des formes de despotisme dans la gouvernance. Or l'autoritarisme se met en conflit avec les individus qui se sentent lésés. Ce n'est qu'avec l'apparition de la Démocratie en Grèce Antique que l'individu a pu s'exprimer au sein de l'agora et les tensions se sont libérées. De nos jours, on assiste à plusieurs formes d'autoritarisme sociales, économiques, éducationnelles à tel point que l'individu n'attend que l'occasion pour libérer ses tensions. Et c'est en football, en tant que sport populaire, qu'on assiste le plus souvent à la violence. Au Maroc, le mouvement nationaliste, sous l'ère du Protectorat, a su utiliser le football pour galvaniser les foules contre les colons pour affirmer l'identité nationale afin de retrouver l'indépendance. Pendant la période post-coloniale jusqu'à nos jours, les stades du football sont devenus des lieux privilégiés pour que l'individu libère ses tensions et ses frustrations sociales et économiques. Durant les années 60 et 70, le football servait à régler d'anciens conflits entre tribus : c'était le cas des rencontres entre USK et IZK qui étaient une tribune pour régler les rivalités entre Cherrardas et Zemmours, entre Kénitris, Kacémis, Meknassis et Fassis, de même entre Doukkalis (DHJ) et Abdis (OCS) ou entre R'batis et leurs voisins Slaouis... De nos jours, ces rivalités ont pris d'autres formes/ou d'autres appellations telles les derbys. Au cours des deux dernières décennies avec l'instauration du système des adhérents, les supporters/ou hayyahas sont devenus une donne incontournable. Les candidats potentiels doivent négocier avec ces franges qui se sont organisées d'une façon implicite en Ultras...Des chants ont accompagné ces organisations pour exprimer leurs volontés ou leurs revendications. Les politiciens se sont emparés de ces supporters, qui constituent « des voix » considérables. La majorité des présidents de clubs ne cachent plus leur appartenance à des partis politiques diamétralement opposés. Le résultat est là : Le stade est devenu un lieu pour exprimer cette opposition ou les frustrations des individus. De là à faire des victimes, il n'y a qu'un pas qui a été franchi. Les solutions apportées par la Commission formée l'année dernière sous la houlette du ministère de l'Intérieur se sont avérées inefficaces à défaut d'études scientifiques. La preuve, au début de cette semaine, suite aux actes de vandalisme survenus à l'occasion du match ayant opposé, dimanche, l'USK au MAS et ceux enregistrés lors de la rencontre qui a opposé, vendredi, le CRA et le WAC, le ministère de l'Intérieur a encore donné ses ordres aux autorités locales pour agir avec rigueur contre ces associations illégales dans les préfectures et les provinces du Royaume, et interdire le déplacement collectif des supporters chaque fois qu'il y a un risque de porter atteinte à la sécurité et à l'ordre public. Les événements du week-end dernier nous poussent à réfléchir sérieusement sur le problème et essayer d'éradiquer le mal.