Quels dirigeants pour le football au Maroc ? Le football marocain a hérité des colons, qui ont créé les premiers clubs de football, une gestion où prévaut le bénévolat. Cette forme de gestion n'est pas compatible avec les exigences du football moderne. En effet, les premiers dirigeants que ça soit au Kawkab de Marrakech, WAC, MCO, Safi,... étaient en majorité des mécènes qui étaient les seuls donateurs de fonds. Ils n'avaient ni formation ni savoir pour instaurer une gestion rationnelle et leur seule motivation est l'amour pour le maillot qui a été un prolongement du mouvement nationaliste. Depuis, bien des choses ont changé : la mondialisation, le progrès des moyens de communication, la régression du football amateur ont donné au football un nouveau visage. Dès 1980, l'instauration de la politique de parrainage a attisé les convoitises et de nouveaux clubs riches ont fait leur apparition : SCP à l'USK, ODEP au Raja, Banque Populaire au WAC, RAM à Settat, SAMIR à Mohammédia, d'autres sociétés privées à Marrakech...Le renflouement des trésoreries a attisé les appétits et de nouveaux renards commencent à investir le football non pas pour le servir mais pour se servir. La deuxième phase a commencé lorsque la FRMF a signé un Contrat-Programme avec l'Etat qui s'est engagé pour doter l'instance dirigeante du football de moyens financiers afin d'engager le football dans la voie du professionnalisme. Les chantiers ouverts ont commencé par les infrastructures : tous les terrains où évoluent les équipes de la Botola I et II ont été rénovés par du gazon synthétique. A partir de ces moments, de nouveaux profils de dirigeants ont fait leur apparition sur la scène footballistique nationale : il y a ceux qui ont des ambitions politiques et le sport n'est qu'un pont pour parvenir à leurs objectifs, et il y a ceux qui sont attirés par l'appât du gain. Leur dénominateur commun : ils n'ont aucune formation dans le domaine gestionnaire et ils n'ont aucun pouvoir pour apporter un plus au club. Bien sûr quelques dirigeants sortent du lot et font l'exception à l'instar du Général Kanabi des FAR, Abderrazak Mekouar du WAC, Semlali du RCA et Mohamed Doumou du KAC. Cette situation chaotique a été à l'origine de la régression du football marocain, car une personne qui est censée diriger un club, elle doit tout savoir faire : elle doit promouvoir le football, les valeurs du sport, générer une plus-value pour le club, connaître les secrets et astuces pour diriger un groupe, savoir écouter...Ceci s'applique pour le président, le Secrétaire général et le Trésorier. Au Maroc, quel est le président qui a toutes ces qualités ? La responsabilité de la FRMF Dans les pays où le football est régi par des règles professionnelles, la Fédération établit un nombre d'exigences pour être président. En plus, elle accompagne les dirigeants dans l'exercice de leurs fonctions en organisant des séminaires de formation, des réunions de travail, en mettant à leur disposition des fiches pour la gestion administrative, financière, le management et l'animation du club. Rien de tout cela n'a été fait au Maroc. Il suffit pour un prétendant à la présidence de rassembler à sa cause quelques adhérents et « hayyahas », moyennant une contrepartie et voilà qu'il devient président. Sa mission est de réclamer et demander de l'argent à sa Commune et il attend les subventions de la FRMF. De ce fait, la FRMF est entrain de créer des clubs aux pieds d'argile. Il est temps, donc, d'installer des bases pour un véritable professionnalisme.