Ahmed Fajr, juste vingt ans révolus, a décidé ''d'être responsable'' et de participer au référendum constitutionnel pour mettre le cap sur l'évolution démocratique du pays. (Par Khalid Abouchoukri)
Pour ce jeune homme, natif de Tan-Tan, cette responsabilité est énorme d'autant qu'en sa qualité d'électeur le moins âgé, il s'est vu confier la tâche de contrôler à son niveau le déroulement du scrutin, de la vérification de l'identité et des pièces de l'électeur au dépouillement et recensement des votes. Il en éprouve un sentiment de fierté, voire de puissance. ''Je sens que j'ai de la valeur'', dit, sur un ton grave, cet élève en carrosserie peinture du centre de formation professionnelle qui, le temps de cette mission civique, se sent pousser des ailes, ''devenir important dans le voisinage'' et aux yeux de ceux de son âge. Cette constitution devra nous projeter dans un avenir meilleur essentiellement pour les jeunes qui aspirent à de meilleures conditions sociales et à l'emploi, affirme-t-il. Elle devra surtout permettre de lutter plus efficacement contre la corruption, le trafic d'influence et mettre fin à l'impunité en associant, désormais, l'exercice de la responsabilité, quel qu'en soit le degré, à la reddition des comptes. ''C'est une constitution d'avenir pour les jeunes comme moi'', renchérit Youssef Radi, tout juste sorti du bureau de vote dans l'école primaire Moulay Abderrahmane Bnou Hicham de Derb Soltane. Youssef, 24 ans, n'avait pas voté au dernier scrutin de 2007 car, avoue-t-il sans gêne, il n'était convaincu ni par les programmes électoraux ni par les candidats. Mais, là c'est différent. La constitution est ''la loi suprême, la plus importante de toutes'' puisqu'elle régit l'ensemble des rapports entre pouvoirs et citoyens. C'est la raison pour laquelle il n'a pas hésité à adhérer à cet élan d'évolution en se rendant aux urnes pour exprimer son choix et faire entendre sa voix'. Tout aussi optimiste, Abdallah Achtouk qui, à peine trente ans, semble déjà mature par rapport aux autres jeunes qui votent pour la première fois. Rencontré à l'école Moussa Bnou Noussair, Abdellah, concierge de son état dans un immeuble sur la place de la Victoire, déclare avoir très bien suivi la campagne référendaire sur la télévision mais surtout en lisant les journaux qu'il récupère, le lendemain, des quelques bureaux implantés dans son lieu de travail. Les débats télévisés étaient assez élevés pour lui, son niveau d'instruction n'ayant pas dépassé la première année du secondaire. Mais, il se rattrapait en prenant tout son temps le lendemain, sur les quotidiens pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants de cette révision constitutionnelle. La presse tant partisane qu'indépendante, s'est en effet attardée, avec force détails, sur les amendements apportés à la constitution. Les journaux ont décortiqué et expliqué dans les détails toutes les innovations du projet. ''Cette constitution prévoit des dispositions nettement en avance par rapport aux précédentes'', soutient-il, évoquant, entre autres, la démocratisation des institutions, la séparation et l'équilibre des pouvoirs, l'élargissement du champ des libertés, la démocratie participative ou encore la bonne gouvernance.