La Commission européenne de l'énergie a proposé à l'Espagne d'utiliser une « clause de contournement » pour contrer une augmentation des importations d'électricité en provenance du Maroc suite au démarrage d'une centrale au charbon de 1,4 GW à Safi en décembre dernier. Une lettre du 6 mai du commissaire européen Miguel Arias Canete à la ministre espagnole de la transition écologique, Teresa Ribera, a déclaré que l'option la plus simple pour l'Espagne serait d'utiliser le mécanisme décrit dans le traité de l'UE sur le fonctionnement de l'UE, dans le cadre des normes de protection de l'environnement. D'autres options décrites par Canete dans la lettre vue par S&P Global Platts exigeraient soit un vote unanime de tous les Etats membres pour approuver une taxe sur les importations d'électricité, soit un accord bilatéral volontaire entre les deux pays. En février, Ribera a écrit à Canete pour demander des informations sur les mécanismes juridiques qui pourraient être utilisés en termes de libre concurrence et de protection de l'environnement. Pour le premier trimestre 2022, l'Espagne a importé 513 GWh du Maroc, contre 1,26 TWh exportés en sens inverse à la même période de 2018, selon la banque d'investissement RBC Europe Limited. Pour une année complète, cela pourrait signifier une variation de 7 TWh, soit 3 % de la demande espagnole, a déclaré RBC. → Lire aussi : L'Espagne engagé aux côtés du Maroc pour lutter contre le terrorisme La centrale de Safi, exploitée par Safiec – qui comprend les français Engie (participation de 35%), Nareva (35%) et Mitsui (30%) – a été mise en service le 8 décembre. Elle a une capacité suffisante pour répondre à 25% de l'électricité marocaine et détient un contrat d'achat d'électricité de 30 ans avec l'Office national de l'électricité et de l'eau (ONEE). La production au charbon en Espagne a été évincée du mix de production cette année par les centrales au gaz, en grande partie à cause des prix des émissions de CO2 qui pénalisent davantage le charbon que le gaz. Cependant, l'énergie importée du Maroc, qui n'est pas soumise à la taxe sur le CO2, a pu supplanter la production thermique espagnole, notamment à la suite de la flambée des coûts des émissions au cours des deux dernières années. L'Espagne et le Maroc ont récemment signé un protocole d'accord concernant une troisième interconnexion électrique entre les deux pays, portant l'interconnexion à 2,1 GW d'ici 2026. En l'état, la liaison Espagne-Maroc de 1,4 GW est la seule interconnexion directe entre l'Afrique et l'Europe. Le Maroc et le Portugal sont en pourparlers avancés pour une interconnexion de 1 GW entre les deux pays, tandis que l'Italie et la Tunisie ont signé le mois dernier un accord pour procéder à une proposition de liaison de 600 MW reliant les deux pays.
