En 2024, le marché des capitaux marocain a franchi un cap historique, enregistrant un niveau inédit de levées de fonds qui témoigne d'un retour en force de la confiance des investisseurs. Dans un contexte mondial marqué par des incertitudes économiques et géopolitiques persistantes, le dynamisme retrouvé du marché financier national se distingue comme un signal fort de résilience et d'attractivité. Plus de 107 milliards levés en 2024. Le marché marocain des capitaux a connu en 2024 une nette accélération de ses mécanismes de financement, soutenue par une reprise de la confiance des investisseurs et des besoins accrus en liquidités de la part des entreprises. Dans la quatrième édition de son rapport annuel « Le marché des capitaux en chiffres », l'Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) dresse un état des lieux particulièrement dynamique des levées de fonds opérées au cours de l'exercice écoulé. Selon les données consolidées par l'AMMC à partir des sources Maroclear et des émetteurs, le montant global des levées de capitaux a grimpé à 107,5 milliards de dirhams en 2024, contre 87,3 milliards une année auparavant, soit une progression notable de +23,1 %. Cette hausse est principalement attribuable à la vigueur des émissions obligataires et à la croissance des titres de créance négociables. Les émissions obligataires ont connu une croissance fulgurante, atteignant un total de 23,7 milliards de dirhams, en hausse de 49 % par rapport à 2023. Cette évolution repose en grande partie sur la montée en puissance des placements privés, dont le volume a plus que doublé, passant de 4,8 à 11,8 milliards de dirhams, soit un bond de +145,9 %. Les appels publics à l'épargne dans cette catégorie ont progressé plus modestement, avec un volume de 11,9 milliards contre 11,1 milliards l'année précédente (+7,2 %). L'AMMC souligne que cette hausse des émissions obligataires traduit « un recours accru à la dette longue pour financer des projets d'envergure et diversifier les sources de financement au-delà du crédit bancaire ». Lire aussi : Marchés publics : l'Etat sonne l'alerte sur les dérives dans les communes marocaines Du côté des titres de capital, l'année a été marquée par des opérations significatives, notamment dans le cadre d'introductions en Bourse. Le volume des fonds levés s'est établi à 6,3 milliards de dirhams, contre 656 millions seulement en 2023 – une progression si marquée qu'elle est considérée comme non significative par l'AMMC, compte tenu de l'écart supérieur à 500 %. Ce rebond est essentiellement porté par des cessions d'actions réalisées dans le cadre d'opérations publiques, signe d'une volonté d'ouverture accrue de la part des entreprises marocaines. Les titres de créance négociables poursuivent leur ascension Autre pilier de cette dynamique, les titres de créance négociables (TCN) ont généré un volume de 77,5 milliards de dirhams, en progression de +9,5 % sur un an. Dans cette catégorie, les bons des sociétés de financement (BSF) enregistrent une performance remarquable, avec un volume quasiment doublé, atteignant 13,1 milliards contre 6,9 milliards en 2023 (+89,3 %). Les billets de trésorerie, quant à eux, progressent de +6,1 %, atteignant 15,5 milliards, tandis que les certificats de dépôt (CD) se stabilisent autour de 49 milliards de dirhams, avec un léger repli de -0,6 %. L'AMMC interprète cette évolution comme le reflet d'« une gestion plus dynamique des besoins de trésorerie des établissements financiers et des grandes entreprises ». Les levées de dette demeurent largement concentrées dans le secteur bancaire, qui capte 59 % des montants mobilisés. Les sociétés minières se distinguent également avec 18 % des émissions, devant les sociétés de financement (14 %) et les groupes de participation (5 %). D'autres secteurs comme la grande distribution ou l'industrie demeurent plus discrets, avec une part inférieure à 2 % chacun. Cette configuration sectorielle confirme, selon l'AMMC, « le rôle structurant des banques et institutions financières dans le développement du marché obligataire marocain, tout en laissant entrevoir une diversification progressive du tissu émetteur ». L'Autorité Marocaine du Marché des Capitaux, en publiant cette nouvelle édition de son rapport de référence, met en avant une année 2024 placée sous le signe de la consolidation. La progression des instruments de dette, la réouverture du compartiment actions et la diversification des acteurs économiques participant aux levées de capitaux témoignent d'une maturité accrue du marché financier national. L'AMMC conclut sur une note optimiste : « Le dynamisme observé sur les marchés de capitaux en 2024 illustre la capacité du système financier marocain à répondre aux besoins de financement de l'économie réelle tout en s'adaptant aux nouvelles exigences de transparence et de résilience ». Cette vitalité s'inscrit dans une trajectoire ascendante qui pourrait être consolidée par de futures réformes en matière de gouvernance et de régulation financière.