PLAIDOYER POUR L'UNION La visite d'Etat effectuée par le président Zine El Abidine Ben Ali a été certes courte, mais dense et fructueuse. Et surtout réussie. La qualité de l'accueil réservé au chef de l'Etat tunisien a été à la mesure des liens fraternels qui existent entre les deux pays, leurs peuples et leurs dirigeants. Le président tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, a quitté Rabat pour Tunis le mardi 16 mars, au terme d'une visite d'Etat de 48 heures au Maroc. Une visite marquée par une activité intense et un accueil grandiose et solennel réservé au chef de l'Etat tunisien. Le séjour de M. Ben Ali a été axé notamment sur la dynamisation de la coopération économique bilatérale. Sa Majesté le Roi Hassan II s'est entretenu à deux reprises lundi, à Marrakech, avec son hôte notamment sur les moyens susceptibles de relancer les activités de l'Union du Maghreb Arabe (UMA). Ces entretiens ont été couronnés par un dîner officiel, au cours duquel les deux chefs d'Etat ont réaffirmé les mêmes idéaux et leur concordance de vues tant en ce qui concerne l'impulsion aux relations bilatérales et leur renforcement, et la dynamisation de l'UMA, que sur les relations avec les groupements économiques, les questions intéressant la région et le monde arabe, ainsi que les autres questions qui se posent sur les scènes africaine, méditerranéenne et internationale. Round Up Les entretiens des deux chefs d'Etat ont en effet constitué, comme le souligne le communiqué commun publié à l'issue de la visite du président Ben Ali, "une occasion de mettre en évidence leur préoccupation face à la situation au Moyen-Orient, à cause de la politique intransigeante d'Israël. Ils ont réaffirmé le droit du peuple palestinien à exercer sa souveraineté sur son territoire et à déclarer son Etat avec Al-Qods comme capitale ainsi que le droit des peuples syrien et libanais à récupérer leurs territoires, conformément aux décisions des Nations Unies et des principes de base pour la paix". Ils ont de même, émis le vu de voir lever les embargos auxquels sont soumis les peuples libyen et irakien frères. Au cours de cette visite, la première du genre de M. Ben Ali depuis son accession au pouvoir en novembre 1987, les deux pays ont signé un accord prévoyant la création progressive, d'ici 2008, d'une zone de libre-échange pour tous les produits autres qu'agricoles. Arrivé lundi à Marrakech, le chef de l'Etat tunisien a eu, le même jour, des entretiens avec Sa Majesté le Roi Hassan II. Ces entretiens ont été notamment consacrés à l'examen des moyens de redynamiser l'Union du Maghreb Arabe (UMA). Les discussions entre le Souverain et le président tunisien ont porté également sur les efforts des deux pays en vue d'apporter leur soutien aux Palestiniens lors des prochaines négociations de paix. La coordination de la politique étrangère des deux pays, notamment leurs relations avec les groupements régionaux, a également figuré parmi les principales questions de l'agenda du sommet maroco-tunisien, outre la question de la sécurité et de la stabilité en Méditerranée. Lors du dîner offert par Sa Majesté le Roi en l'honneur du président tunisien, les deux chefs d'Etat ont souligné la nécessité de renforcer l'édifice maghrébin et de donner un nouveau souffle à la coopération bilatérale. Ils ont également évoqué le processus de paix au Proche-Orient, l'embargo imposé au peuple libyen et le partenariat avec l'Union Européenne (UE). M. Ben Ali s'est, en outre, entretenu avec le Premier ministre, Abderrahmane Youssoufi, le ministre d'Etat aux Affaires étrangères et à la coopération, Abdellatif Filali, avec le ministre d'Etat à l'intérieur, Driss Basri et a reçu le président de la Chambre des Représentants, Abdelouahed Radi et le président de la Chambre des conseillers, Mohamed Jalal Essaïd. Ces entretiens ont notamment porté sur les nouvelles institutions constitutionnelles au Maroc, ainsi que sur un échange de points de vue à propos du système parlementaire marocain en comparaison avec celui de la Tunisie. Moment fort Les discussions ont également traité des moyens à même de renforcer davantage les relations entre les institutions législatives et les partis politiques des deux pays, ainsi que de questions relatives au Maghreb Arabe et ses relations avec l'Union Européenne. Autre moment fort de cette visite, le discours prononcé mardi par le chef de l'Etat tunisien devant le Parlement et dans lequel il a souligné que la construction de l'espace maghrébin constitue un choix crucial et irréversible pour la réalisation duquel les deux peuples ont longtemps combattu. Dans un hémicycle archi-comble et attentif, le président tunisien, en habit traditionnel, a également exprimé sa ''satisfaction pour la qualité excellente'' des relations politiques entre le Maroc et la Tunisie et l'évolution positive de la coopération existant entre les deux pays dans tous les domaines économiques, sociaux, culturels et artistiques. Devant les députés des deux Chambres, il a affirmé que la construction de l'UMA était un "choix stratégique" qu'il fallait mener à terme. "Il est nécessaire de compléter cette construction en lui imprimant un souffle nouveau et en dynamisant ses structures", a notamment déclaré le président tunisien devant les députés et conseillers marocains en se félicitant que Rabat partage l'attitude tunisienne pour dépasser les handicaps qui entravent la marche de l'Union. La dynamisation de l'UMA, a ajouté le président tunisien, revêt une grande importance notamment dans le partenariat des Etats qui la composent avec l'Union européenne ainsi que dans l'optique de la création d'un marché commun arabe. L'accord portant sur la création d'une zone de libre-échange entre les deux pays, permettra de concrétiser le projet initié par la convention commerciale et tarifaire, en vigueur depuis le 28 novembre 1996 suite à sa signature lors de la session de la haute commission mixte maroco-tunisienne. Attitudes partagées Il fixe le 31 décembre 2007 comme date limite pour la création de cette zone. Il prévoit l'élaboration d'un programme de démantèlement tarifaire et la libéralisation immédiate pour environ 2000 produits dont les droits de douanes, dans les deux pays, sont relativement faibles, ainsi que l'échange entre le Maroc et la Tunisie, durant la période de démantèlement, de concessions tarifaires supérieures à celles existant avec l'UE. Le communiqué commun maroco-tunisien a été rendu public, mardi 16 mars à Rabat, à l'issue de la visite du président Zine El Abidine Ben Ali. Le communiqué commun ajoute que les deux chefs d'Etat "se sont félicités de l'évolution des relations bilatérales à la lumière des résultats de la haute commission mixte, lors de ses sessions successives, et des sous-commissions permanentes, techniques et sectorielles qui en sont issues, dans les différents domaines, mettant en relief les résultats positifs réalisés et réaffirmant la nécessité de les conforter, de les renforcer davantage et d'élargir et de diversifier ces domaines de coopération pour parfaire ces pas positifs dans le sens de la concrétisation des aspirations des deux peuples frères". Le Président tunisien et le Souverain ont donné leurs hautes orientations en vue de mettre en place une structure commune composée de hautes compétences des deux pays pour évaluer les actions réalisées au plan bilatéral et réfléchir à l'élaboration d'une conception générale concernant une restructuration de la coopération bilatérale et les perspectives de son développement ainsi qu'en ce qui concerne la coordination des positions des deux pays à l'égard des groupements internationaux, en particulier l'Union européenne, le processus euro-méditerranéen et l'initiative américaine. Cette commission se réunirait tous les six mois alternativement dans chacun des deux pays. Le communiqué ajoute enfin que le président Zine El Abidine a adressé à Sa Majesté une invitation à effectuer une visite d'Etat en Tunisie que sa Majesté a acceptée gracieusement" et que "la date de cette visite serait fixée ultérieurement''. Retour