L'UNICEF et l'OMS lancent une stratégie pour encourager l'allaitement maternel Le sein des saints Les organisations internationales lancent un programme pour encourager l'allaitement au sein. Au Maroc, le ministère de la Santé a mené une vaste campagne dans ce sens. Tout le monde se rend à l'évidence que rien de plus constituant et de nutritif pour un nourrisson que le lait maternel. Rien de mieux que le lait de maman. L'allaitement au sein signifie un bon départ dans la vie. C'est dans cet esprit que l'UNICEF et l'OMS ont travaillé ensemble, pendant deux ans, pour aboutir à une Stratégie mondiale pour l'alimentation du nourrisson. Le principe de cette stratégie est de promouvoir et de préserver l'allaitement au sein. Ce document recense ainsi les principaux problèmes d'alimentation du nourrisson et du jeune enfant et définit des approches pour y remédier. "Rien ne peut remplacer l'allaitement au sein pour qu'un enfant prenne un bon départ dans la vie", a affirmé Carol Bellamy, Directeur Général de l'UNICEF. L'allaitement est une histoire qui débute au moment de la grossesse, quand la mère songe à son futur bébé, et se termine le jour où le bébé cesse de téter. Rencontrer une mère qui allaite un bébé est la plus belle preuve d'affection qui puisse assurer la sécurité du chérubin. Anticorps La stratégie relevée par l'Unicef et l'OMS s'adresse aux gouvernements qui doivent uvrer à créer des conditions favorables pour que les femmes puissent prendre des décisions éclairées concernant l'alimentation de leur enfant. "Presque toutes les mères peuvent allaiter, à condition d'être bien informées et soutenues par leur famille et par le système de soins de santé", explique le Docteur Larbi Rjilmati, responsable du programme de l'allaitement au sein au ministère de la Santé. Seul le lait maternel donne aux nourrissons tous les nutriments, les anticorps, les hormones, les facteurs immunitaires et les antioxydants dont ils ont besoin pendant les six premiers mois de leur vie pour se développer. Il les protège contre la diarrhée et les infections respiratoires aiguës et stimule leur système immunitaire. Cette stratégie est aussi importante pour le Maroc, qui est en train de prendre des mesures rapides et efficaces pour l'appliquer, surtout avec l'évolution du cancer du sein chez les femmes, et les problèmes de malnutrition et de décès chez les jeunes enfants. En effet, les risques de maladie et de décès sont importants chez les enfants, qui ne sont pas nourris au sein pendant les six premiers mois, surtout quand ils ne sont pas nourris exclusivement au sein. "L'allaitement exclusif au sein pendant les six premiers mois, puis l'allaitement complété par des aliments appropriés pourraient réduire la mortalité par malnutrition chez les moins de cinq ans", estime le Dr Rjimati. Risques La malnutrition est en effet à l'origine de plus de 50% des décès d'enfants de moins de cinq ans. C'est pour cette raison que la stratégie vise une augmentation spectaculaire du nombre de nourrissons exclusivement nourris au sein. Selon la dernière enquête menée par le ministère de la santé, 66% des femmes allaittent leurs nourrissons exclusivement au sein pendant les quatres premiers mois de leur vie. L'alimentation de complément commence généralement trop tôt. Les enfants mal nourris tombent plus souvent malades que les autres et souffrent des séquelles permanentes d'un développement perturbé. "Un mauvais mode d'alimentation pendant la petite enfance a pour conséquences à long terme des difficultés scolaires, une productivité réduite et des problèmes de développement intellectuel et social", souligne Dr Rjimati. Il existe donc un lien solide entre la santé et l'état nutritionnel de la mère et de l'enfant. La stratégie traite notamment de l'alimentation en circonstances particulièrement difficiles, par exemple en cas de catastrophe naturelle ou d'origine humaine. Le risque absolu de transmission du VIH par le lait maternel, qui se situe entre 5% et 20%, doit être mis en balance avec les risques de maladie et de décès auxquels sont exposés les enfants qui ne sont pas nourris au sein. Toutes les mères séropositives devraient être informées sur les risques et les avantages des différentes solutions, et guidées de façon à choisir celle qui convient le mieux. La stratégie mondiale pour l'alimentation du nourrisson et du jeune enfant, disponible en six langues, a été présentée le 23 mars par le Secrétaire général adjoint à la gestion, Catherine Bertini, à la réunion du Comité permanent de la nutrition à l'ONU. Le document a été distribué le 24 mars lors d'une séance consacrée à l'allaitement au sein et à l'alimentation de complément. Le bébé n'a toujours besoin que du lait maternel qui répond parfaitement à ses besoins, quelles que soient les conditions. De nombreuses études suggèrent que le lait humain pourrait protéger vis-à-vis de la mort subite du nourrisson, du diabète insulino-dépendant, des problèmes respiratoires, des pathologies allergiques et de diverses autres pathologies digestives chroniques. Il semble aussi que l'allaitement permette un meilleur développement cognitif. Et cerise sur le gâteau, les mères qui allaitent ont moins de cancer du sein. Lancement du projet Dar Al Oumouma à Ourika Une maison de maternité en milieu rural. C'est l'idée du projet "Dar Al Oumouma", qui vise l'amélioration de l'accès aux soins maternels et néonatals en milieu rural. Cette opération est lancée par le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF), en partenariat avec le ministère de la Santé, le vendredi 1er avril, à Ourika dans la province d'Al Haouz. "Dar Al Oumouma" est une maison d'attente qui permettra aux femmes enceintes d'être accueillies, dans un environnement convivial et proche des services de santé. Ces femmes ont également la possibilité d'être accompagnées d'une parente ou d'une proche ou même d'un enfant en bas âge, indiquent les responsables de l'UNICEF à Rabat. Durant son séjour à "Dar Al Oumouma", la femme bénéficiera de séances d'information et d'éducation sanitaire sur l'hygiène, la nutrition y compris l'allaitement maternel, la vaccination et sur d'autres sujets en rapport avec la santé maternelle et infantile. Proximité En ce qui concerne les femmes qui résident dans des localités éloignées, elles peuvent être admises à cette maison de maternité, une semaine avant l'accouchement, et peuvent y séjourner jusqu'à deux à trois jours après l'accouchement. Cet établissement leur permettra un accouchement aisé et sans risque. "Dar Al Oumouma" est ainsi une alternative, palliative aux difficultés d'accessibilité géographique, financière et culturelle rencontrées par les femmes en milieu rural. Ce projet est basé sur une approche de proximité et de participation des populations locales, de la société civile, des communes, du conseil provincial et des autorités administratives et sanitaires. Financé par l'UNICEF, le ministère de la Santé et les communes du site d'Ourika, le Conseil provincial, ce projet bénéficiera dans un premier temps à environ 2.700 femmes par an dans les sept communes du site d'Ourika. Il sera étendu par la suite, et expérimenté au cours de cette année, dans les trois autres provinces de Chefchaouen, Ouarzazate et Zagora.