ENTRETIEN. Pour le secrétaire général de l'Union du Travail au Maroc, l'augmentation des salaires des fonctionnaires de 500 dirhams proposée par le gouvernement est “ridicule”. Maroc Hebdo International: Comment se sont déroulées les dernières séances de dialogue social entre votre syndicat et le gouvernement? Miloudi Moukharik: Il y a un adage qui dit: «Le dialogue vaut par ce que valent ses résultats». Le dialogue social au Maroc a beaucoup trébuché, faute d'une volonté politique forte du gouvernement. Dernièrement, par exemple, on devait tenir une session avec le cabinet de Abbas El Fassi avant l'élaboration de la loi des finances 2011 dans l'espérance de tenir compte de certaines de nos revendications. Malheureusement, cette session n'a pas eu lieu. Pensez-vous que le gouvernement fuit ses responsabilités? Miloudi Moukharik: Dans certains cas, oui. Car comment expliquezvous cette attitude? Mais ceci ne nous empêche pas de persévérer dans nos revendications sociales. Et si nous constatons un manque de sérieux et de réaction positive de la part du gouvernement, nous n'écartons pas le recours à la grève générale. Que reprochez-vous réellement au gouvernement? Miloudi Moukharik: Nous pensons, d'une manière générale, que le gouvernement a failli à ses engagements. Sur les reproches, j'avance plutôt le manque de méthodologie et de vision sociale chez ce gouvernement. L'UMT ne cautionne pas un dialogue vide de sens et de logique. Dans un mémorandum adressé au Premier ministre, nous avons dit que les réunions du dialogue social doivent être présidées par le Premier ministre avec la présence de tous les ministres concernés, y compris le ministre de l'Intérieur et le ministre de la Justice. Pourquoi ces deux ministres? Miloudi Moukharik: Parce que nombre de nos militants sont embêtés et arrêtés par les services de l'Intérieur. Quant au ministre de la Justice, sa présence se justifie par les nombreux procès engagés contre des dirigeants de l'UMT. Le gouvernement vous a fait très récemment une offre. En quoi consiste-t-elle? Miloudi Moukharik: Pour le secteur public, son offre porte sur la hausse des salaires de l'ordre de 500 dirhams. Nous considérons cette hausse ridicule car elle est loin d'apporter une amélioration du pouvoir d'achat des fonctionnaires. Nous appelons à une augmentation plus consistante. Aussi, le gouvernement ne sait toujours pas si cette hausse touchera également les agents des collectivités locales et les fonctionnaires des établissements publics. Il y a donc des zones d'ombre qui entoure cette proposition. Qu'en est-il du secteur privé? Miloudi Moukharik: Sur ce plan également, le gouvernement nous a déçus. Sa proposition, qui consiste à augmenter le SMIG de 10% n'est pas satisfaisante. Elle est ridicule. L'UMT veut atteindre des niveaux de SMIG acceptables: 3.500 dirhams. Nous pensons que ce niveau correspond au niveau de vie actuel. Et encore! Que fait l'UMT pour certains retraités misérables? Miloudi Moukharik: Nous pensons que c'est honteux de conserver encore, à l'heure où le niveau de vie explose, une pension de retraite de 600 dirhams. Non seulement, c'est misérable, mais c'est catastrophique. Le gouvernement propose de l'augmenter à 1.000 dirhams. Nous, nous voulons qu'elle atteigne au moins 70% du SMIG.