Après le tumulte qu'avait causé sa prochaine visite au Maroc, initialement prévue pour la fin du mois d'octobre, le cheikh et prédicateur saoudien Mohamed Arifi a annoncé le report de sa visite sur nos terres… en fait, une annulation. Il avait été invité par le Mouvement Unicité et Réforme, la branche de prédication du PJD, et sa matrice. Le MUR avait commencé la promotion de cette visite, lors de laquelle Arifi devait prendre la parole dans quelques villes marocaines, mais cela avait suscité une levée de boucliers d'une large frange de la société. Le théologien saoudien a alors publié un statut sur son mur Facebook dans lequel il explique qu'il avait décidé de « reporter (sa) visite à une date ultérieure, assurant (sa) considération pour tous les Marocains dans lesquels (il voit) un des piliers de progrès et de fierté pour notre nation arabo-islamique, y compris ceux qui ont manifesté leur refus de (sa) visite, une opinion (qu'il) respecte ». Mohamed Arifi est un théologien saoudien, imam de la mosquée du roi Fahd de la Marine saoudienne, et l'un des porte-paroles du rite wahhabite. Il a tourné de nombreuses vidéos dans lesquels on l'entend expliquer ses vues sur la religion et ses rites. L'association Bayt al-Hikma et son président Fettah Bennani était montée au créneau à l'occasion de l'annonce de cette visite, rappelant qu'Arifi était un partisan du « mariage de confort (sexuel) » et un défenseur de l'excommunication et de l'infériorité de la femme par rapport à l'homme. Peut-on considérer sa visite comme provocatrice pour la population marocaine et son islam malékite modéré ? Très certainement, mais pour une partie seulement, et autant que l'avait été pour une autre partie la conférence donnée par l'intellectuel Sayyed el Qimni, chantre d'un islam moderne et d'une laïcité engagée, qui était venue il y a quelques mois au Maroc. Dans l'intervalle, le roi Mohammed VI, dans son discours du Trône, avait recommandé aux Marocains, très sagement il faut le reconnaître, de ne permettre « à personne venu d'ailleurs de (leur) donner des leçons sur (leur) religion et (de n'accepter) l'incitation de personne à suivre un rite ou une doctrine originaire de l'Est ou de l'Ouest, du Nord ou du Sud, et ce, indépendamment de mon respect pour toutes les religions célestes et les doctrines qui s'y rattachent ». Le MUR a pris la mesure de l'erreur qu'il allait commettre, surtout suite à cette pétition publiée sur Avaaz et qui avait regroupé plus de 10.000 signatures. Inviter et recevoir un imam wahhabite au Maroc n'est pas la meilleure façon de se concilier les classes moyennes, et de préserver la confiance des électeurs qui avaient voté pour le PJD. Cela avait conforté un grand nombre d'entre eux dans l'idée que le MUR, et le PJD, poursuivaient encore et toujours un objectif religieux dissimulé derrière une supposée sécularisation.