«Big Data Djihad : comment j'ai détruit internet et sauvé le monde», est le cinquième roman de Hicham Lasri. Le livre de science-fiction, diatribe endiablée, raconte l'histoire d'un génie qui sort d'une relation avec une influenceuse et qui se retrouve seul. Pour se venger, il décide de détruire internet. Interview Yasmine Hatimi./DR Yasmine Hatimi./DR Comment vous est venu l'idée d'écrire ce nouveau roman ? J'ai commencé à écrire durant la pandémie, puis en octobre 2021, Facebook, Instagram et WhatsApp ont subi une panne mondiale. Ce down a plongé le monde dans un drôle d'état catalytique. On est plongé dans la tête d'un personnage qui, par vengeance, a réussi à détruire internet. Toute l'écriture découle de la noirceur de son âme qui éclabousse les pages, qui éclabousse le personnage Votre nouveau roman s'appelle «Big Data Djihad : comment j'ai détruit internet et sauvé le monde». Pourquoi ce nom ? Pour moi, le titre est toujours une trouvaille, un mot fort et porteur d'une rupture avec le monde. Pour ce cinquième roman, cela relève de la confrontation au monde actuel, au monde de l'exposition. Car nous vivons dans le monde réel mais aussi à travers internet. Il a fallu travailler sur cette thématique sans être ringard, sans être dépassé mais également en apportant des propos forts et pertinents. Aujourd'hui, le monde est fait le fake happiness, faux semblant, de violence. Quel est votre rapport aux nouvelles technologies ? J'ai toujours exercé une forme de résistance. Pour moi, les réseaux sociaux ne sont pas des lieux où l'on peut se sentir suffisamment bien pour exhiber notre personne. Sur les réseaux sociaux, je me montre en tant que personnage que je construis, mais pas ma vraie personne. Je ne trouve pas intéressant de laisser les gens entrer dans mon intimité. Il existe un film de 1962, qui s'appelle «L'Homme qui tua Liberty Valance». Il raconte à la perfection l'idée de la réalité, du mythe, de la légende. On retrouve comment la perception est à questionner. En somme, je n'accorde que très peu de temps aux réseaux sociaux. Si je les utilise, c'est à des fins processionnelles, comme pour parler d'un de mes films, pour faire parvenir des sorties. En quoi ce roman sera différent des précédents ? En tant que conteur d'histoire, je suis toujours dans le challenge. Je dois toujours faire différemment avec le même ADN. Toutes mes œuvres sont en dialogue constant entre elles-mêmes. Au-delà de travers des histoires à raconter, il faut qu'il existe une dialectique qui est très importante pour moi. Il y a toujours pour moi un questionnement fondateur. De ce fonctionnement nait une fragilité qui sert à façonner des œuvres d'art. Pourquoi écrire ? Quand on écrit un livre en français au Maroc, on s'expose à de moins en moins de lecteurs, car il n'y en a déjà que très peu. Mais c'est un geste pour l'éternité, c'est une manière de refuser le statu quo qui fait que la seule manière de s'exposer aux gens est de leur proposer un film, d'être visible sur YouTube. Il est essentiel de faire de œuvres, parfois impénétrables car il faut faire l'effort d'ouvrir le livre, page par page pour comprendre. Comment décririez-vous ce roman en un seul mot ? En un seul mot, le livre est transgressif.