L'énergie solaire au Maroc n'est pas seulement un marché d'avenir à grande échelle, mais peut également subvenir, à petite échelle, aux besoins de foyers individuels isolés dans le Royaume. Dans cette perspective, le leader du marché d'énergie solaire du résidentiel en France, Evasol, lance un nouveau projet d'électrification rurale en coopération avec l'Office nationale d'électricité (ONE) du Maroc et les sociétés Temasol et Isofoton Maroc. Le projet consiste à installer un générateur composé d'un panneau, d'une batterie et d'un régulateur dans chaque foyer concerné. La batterie permet de rendre disponible l'électricité jour et nuit ; le régulateur gère automatiquement sa charge et sa décharge. Un socio-économiste marocain, Mohamed Attoumane, sera en charge d'identifier les foyers potentiellement bénéficiaires en coopération avec des associations locales. Des contrats seront signés entre les foyers et Evasol pour une durée de 10 ans. Ils définiront des mensualités et des charges d'installation en fonction de la consommation d'électricité tout en proposant des prix abordables aux consommateurs, pas loin des prix des bougies que les lampes électriques doivent remplacer. L'installation coutera environ 900 DH pour les consommateurs et, pour un contrat sur 4 lampes électriques et une prise télé, les mensualités seront de 65 DH. Ce prix est rendu possible par des subventions de l'ONE pour l'installation du matériel et d'Evasol pour les redevances. Les sociétés Temasol et Isofoton Maroc, sociétés de services décentralisés, assureront le maintien des installations. Des concurrents du marché du photovoltaïque se sont donc retrouvés autour d'un projet caritatif commun. Pour des sociétés dans le secteur de l'énergie, où la concurrence est grande, des projets caritatifs sont importants pour se donner une image de marque. Mais il ne faut pas se tromper : 50 kits photovoltaïques, même si c'est pour 10 ans, ne ruineront pas l'ONE ni Evasol qui, en 2009, a fait un chiffre d'affaire de plus 75 millions d'euros. D'autre part, ce genre d'installation ne signifie pas un « tout confort » des utilisateurs. Il s'agira juste de remplacer les bougies par des lampes électriques, et de faire marcher une télévision sans avoir besoin d'un groupe électrogène diesel. L'installation n'est pas forcément en mesure d'alimenter un réfrigérateur et encore moins des congélateurs. Ainsi, la question est de savoir si le photovoltaïque peut remplacer les groupes diesel, très populaires en milieu rural, car plus puissants, mais très polluant également. Et finalement, que se passera-t-il une fois les 10 ans du contrat solaire passés ? Le maintien sera-t-il entièrement à charge des foyers ou est-ce que d'ici là, ces foyers seront-ils raccordés au réseau traditionnel d'électricité ? D'autres projets de ce genre ont déjà vu le jour au Maroc. Le programme d'électrification rurale globale du gouvernement marocain prévoyait notamment de fournir à 101 500 foyers des kits photovoltaïques sur la période de 2004 à 2008. Fin 2008, le centre de recherches danois URC, lié au Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), a évalué les progrès effectués dans le cadre de ce programme. Si le bilan est globalement positif, les chercheurs posent tout de même la question : pourquoi ce programme a mis si longtemps pour aboutir ? Espérons qu'Evasol tienne ses promesses d'installations des dispositifs en 2010 et augmentera peut-être leur nombre en 2011.