Les relations entre l'USFP et le PJD, deux formations de l'opposition, ne sont guère apaisées. En témoigne la séance des questions orales à la Chambre des représentants de ce lundi 1er décembre. Un épisode révélateur des tensions politiques croissantes au sein de l'hémicycle. La séance des questions orales de ce lundi 1er décembre à la Chambre des représentants a été marquée par un incident notable : l'expulsion du député du PJD, Abdessamad Haiker, sur ordre du président de séance. Tout a commencé après une réponse du ministre de la Justice à une question du groupe RNI concernant le projet de loi régissant la profession des adouls. Abdellatif Ouahbi a précisé que le texte, récemment approuvé par le gouvernement, avait été soumis à la Commission de Justice. Il a promis d'y apporter des éclaircissements en réponse aux observations des députés. Cette réponse a satisfait l'auteur de la question orale ainsi que le groupe de l'USFP. Cependant, une députée du PJD a exprimé une opinion diamétralement opposée, qualifiant le projet de loi de «coup d'Etat contre les résultats du dialogue, sans aucune garantie, et une atteinte aux acquis durement obtenus, qui diminue le rôle des Aadouls et crée une discrimination injustifiée entre les professions». Estimant que la parlementaire avait lu «un communiqué du conseil de la révolution» plutôt qu'un commentaire, Ouahbi a provoqué une vive réaction d'Abdessamad Haiker. Ce dernier a immédiatement dénoncé ces propos et exigé du ministre de la Justice qu'il «respecte les députés» et «apporte des réponses». S'ensuivit un échange particulièrement tendu entre les deux hommes. Le président de la séance exacerbe les tensions Ouahbi, autrefois proche d'Abdelilah Benkirane, n'est plus en odeur de sainteté auprès des membres du PJD, notamment depuis son projet de révision du Code de la famille. Après avoir donné la parole à deux reprises à Haiker et une fois à son «frère», Mustapha Ibrahimi, le président de séance, Idriss Chtaibi, de l'USFP, a tenté de clore cet échange en refusant une troisième intervention de Haiker, lui ordonnant de se taire. Le député a catégoriquement refusé cette injonction et a poursuivi son intervention malgré la coupure de son micro. Face à son refus d'obtempérer, Chtaibi a adressé trois avertissements à Haiker, conformément au règlement intérieur de la Chambre basse, sans succès. Finalement, le président de séance a fait appel aux agents de sécurité pour expulser de l'hémicycle le parlementaire du Parti de la Lampe. Les groupes de l'USFP et de l'Istiqlal ont alors demandé une suspension de séance de «5 minutes» pour régler cette affaire dans le calme. Une requête acceptée par Chtaibi, qui a toutefois insisté sur le terme «suspension» plutôt que «levée de séance». L'intervention du président a exacerbé les tensions, allant jusqu'à qualifier les islamistes du PJD de «marxistes sur la Sunna du prophète et de Dieu». Ce tumultueux épisode, qui a marqué la séance des questions orales du lundi 1er décembre, n'est pas un cas isolé. Au début, Chtaibi s'était étonné de l'absence de certains ministres à la Chambre des députés alors qu'ils assistaient à un meeting dans la ville de Sefrou, sa propre circonscription. Le PAM y avait organisé, samedi, une rencontre. Cette remarque a provoqué l'ire du groupe parlementaire du Parti du Tracteur et a failli entraîner l'interruption de la séance.