Rachid Labkar, docteur en Droit et chercheur en développement territorial, considère que la question du territoire n'a été pensée d'une manière sérieuse, voire scientifique qu'avec l'avènement du gouvernement d'alternance, notamment en 2001. Soulignant qu'on n'est pas encore arrivé à mettre en place une conception bien précise du marketing territorial. Peut-on parler d'une politique de marketing territorial au Maroc ? La question du territoire n'a été pensée d'une manière sérieuse, voire scientifique qu'avec l'avènement du gouvernement d'alternance, notamment en 2001. C'est à cette époque que le débat national sur l'aménagement territorial à été lancé avec divers acteurs. Toutefois, la question qui s'impose, est de savoir si nous disposons véritablement d'une politique de marketing territorial. A mon humble avis, il est encore tôt de parler de l'existence d'une politique au vrai sens du terme. Bien que le concept soit là, il y a toujours une idée qui manque. Cependant, il ne faut pas nier qu'il existe des initiatives aux niveaux locaux, universitaires et aussi institutionnels pour se pencher sérieusement sur la question. Soulignons que la politique d'un marketing territorial au Maroc n'est pas encore claire. C'est-à-dire qu'on n'a pas encore mis en place les conditions de l'opérationnalité du concept. Pourquoi alors une telle situation ? Evidemment, il y a un dilemme là-dessus. Le marketing suppose l'offre d'un produit bien ficelé. Mais, ce qu'on constate, c'est qu'on offre des privilèges aux investisseurs, des facilitations pour l'octroi de terrain, sans que ce dernier soit équipé. Je fais allusion surtout aux présidents des communes qui s'approprient ce discours sans l'accompagner pas des mesures concrètes. Ceci dit, le problème concernant l'identité du produit destiné à la commercialisation existe toujours. Ainsi, on peut déduire qu'on n'est pas encore arrivé à mettre en place une conception bien précise du marketing territorial. Certains observateurs soulignent que les projets de développement ne prennent pas en considération la dimension humaine, partagez- vous ce jugement ? C'est un jugement qu'il faut apprendre avec beaucoup de nuances. Le lancement de l'initiative nationale de développement humain par SM le Roi Mohamed VI témoigne de la non considération de l'élément humain auparavant. Depuis lors, le facteur humain a été placé en tant qu'objectif stratégique dans tous les programmes de développement. Selon votre point de vue, quels sont les problèmes qui entravent le développement territorial au Maroc ? Il y a en premier lieu un blocage juridique. La loi sur l'aménagement territorial n'a pas encore vu le jour. Cette loi qui devrait bien préciser la manière avec laquelle on exploite le territoire, les obligations et les droits de chacun. A cela s'ajoute la multiplicité des acteurs au niveau du territoire, ce qui entrave le processus de développement. En deuxième lieu, il y a un blocage politique. En fait, la dimension de développement d'un territoire demeure souvent tributaire des visions étroites, voire politiciennes au niveau local. Ainsi, on constate dans plusieurs communes, comment plusieurs projets d'une forte valeur ajoutée sont sacrifiés à cause des conflits entre les membres du Conseil communal. Et en troisième lieu, il y a le problème financier. Le marketing territorial nécessite des bailleurs de fonds et des engagements budgétaires consistants. Malheureusement, ils font souvent défaut. A votre avis, les Agences de développement régional ont-elles rempli leur mission ? On ne peut pas nier le travail méritoire réalisé par ces agences depuis leurs créations. Mais, ce qu'on doit relever, c'est de savoir dans quelle mesure les attributions de ces agences ne se chevauchent pas avec celles d'autres intervenants, tels les ministères, et autres administrations.