C'est un fait. Lorsqu'on parle des ressources humaines dans l'administration publique, notamment dans les collectivités locales, l'effectif théorique des fonctionnaires ne reflète pas généralement l'effectif réel de ces derniers. En effet, une bonne partie est constituée de fantômes. Ils perçoivent tranquillement leur salaire sans effectuer aucune tâche. Bien plus, certains exercent des activités commerciales et d'autres ont immigré à l'étranger. Tout récemment, la direction des affaires administratives au sein du ministère de l'Intérieur a licencié environ soixante-dix fonctionnaires fantômes de la fonction publique. Quelques mois auparavant, le ministère de l'Education nationale et de la formation professionnelle avait pris la même décision, en radiant de ses listes une vingtaine de fonctionnaires fantômes. Ces décisions s'inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre des statuts de la fonction publique, avaient souligné les deux départements ayant appliqué des mesures disciplinaires à l'encontre des fonctionnaires s'absentant régulièrement sans raison. Toutefois, force est de constater que ces actions d'assainissement du fichier du personnel administratif restent timides eu égard à l'ampleur du phénomène des fonctionnaires fantômes, notamment au sein des collectivités locales, où ceux qui arrivent en retard croisent ceux qui partent en avance, sans parler de nombreux autres qui ne donnent plus signe de vie. Ces derniers servent uniquement à gonfler le taux de participation aux débrayages décrétés par les syndicats du personnel des collectivités locales. Des grèves sans grévistes, mais avec un taux de participation élevé. Un autre phénomène. De même, cette catégorie de fantômes engloutit une bonne partie du budget des communes. Chaque fois, des voix s'élèvent pour apurer ce fichier, mais certains présidents de ces collectivités locales font la sourde oreille. Tout simplement parce que certains d'entre eux ou de leurs prédécesseurs étaient à l'origine de cette pléthore de fantômes. C'est dire qu'il faut vraiment une réelle volonté politique pour venir à bout de ce phénomène qui ternit l'image de l'administration publique, en général, et des collectivités locales, en particulier.