Un séminaire sous le thème «Education par les pairs» s'est tenu les 27 et 28 janvier à Rabat. L'occasion de faire le point sur cette approche de proximité qui cible les populations très exposées au risque d'infection par le VIH. L'éducation par les pairs, une nouvelle approche qui vise à réduire les comportements à risque a été le thème d'un séminaire national organisé les 27 et 28 janvier par l'association marocaine de solidarité et de développement (AMSED) en partenariat avec Solidaridad Internacional Andalucia. Cette approche de proximité, qui est utilisée par plusieurs associations au Maroc, consiste à améliorer les attitudes et les comportements pour une protection pérenne contre l'infection des IST/sida. Celle-ci vise ainsi à faire intervenir des membres d'un groupe pour introduire des changements de comportement chez d'autres membres du même groupe. Cette approche cible les populations très exposées au risque d'infection du VIH à savoir les travailleuses de sexe, les homosexuels et les jeunes scolarisés. «Les homosexuels constituent une minorité qui est difficile à accéder. Notre seule porte d'entrée a été la prévention. Nous avons formé des homosexuels qui sont devenus des éducateurs pairs. Ces derniers qui connaissent bien les sites de rassemblement de cette communauté ont pour rôle d'informer les autres homosexuels sur le VIH mais aussi de les orienter et des les accompagner», affirme Dr Fatiha Rhoufrani, présidente de l'Association de lutte contre le sida (ALCS) section Rabat. Mais ces éducateurs pairs sont souvent confrontés à de nombreux problèmes lors de leur mission. «Ils sont souvent l'objet d'agression. On les sollicite de ne pas se rendre dans certains quartiers et d'éviter de travailler au-delà de 20h00. Plusieurs d'entre eux ont été embarqués par la police. C'est la raison pour laquelle nous leur avons remis des cartes d'intervenant de proximité», souligne Dr Rhoufrani. Notons que l'ALCS a déjà lancé un programme de proximité masculine dans huit régions du Royaume: (Marrakech, Agadir, Rabat, Tanger, Casablanca, Tétouan, Essaouira et El Jadida). L'éducation pour les pairs se fonde sur un fait observé dans la réalité : nous changeons non seulement à cause de ce que nous savons, mais aussi parce que nous y sommes poussés par l'opinion et les actions de personnes du même âge qui nous sont proches et en qui nous avons confiance. Lors de ce séminaire, Najat Sarhani, présidente de l'AMSED a assuré que la prévention basée sur le changement de comportements en direction des populations très exposées au risque de l'infection, est une composante indispensable de la stratégie de lutte contre le sida dans un pays à basse prévalence comme le Maroc (0,08%). Au Maroc, 22.300 personnes vivent avec le VIH selon les estimations du ministère de la Santé. L'épidémie continue de progresser en passant de 2.548 cas en décembre 2007 à 2.798 cas cumulés de sida à la mi-novembre en 2008. Les régions qui ont enregistré la plus forte incidence des IST sont Marrakech-Tensift-Al Haouz (13%), Rabat-Salé-Zemmour-Zaërs (12%), Meknès-Tafilalt (9%), Souss-Massa-Darâa (8%) et le Grand-Casablanca (8%). Il faut relever que plus de 50% des cas de sida sont concentrés dans trois régions (Souss-Massa Daraâ, Marrakech–Tensift et le Grand Casablanca).
