Le procès des narcotrafiquants de Tétouan est entré dans le fond de sujet avec le début des séances des interrogatoires. C'est Mounir Erramach qui a ouvert le bal en niant toutes les accusations retenues contre lui et ses complices. Après le rejet, mardi, des requêtes de forme dans l'affaire Mounir Erramach, le procès a repris de nouveau à la Cour spéciale de justice pour entamer les interrogatoires. C'est Erramach qui a ouvert le bal. Entouré de sept avocats parmi lesquels Marcos Garcia-Montes, l'avocat espagnol qui a rejoint la défense, Mounir s'est présenté devant la cour avec le sourire. Avant de commencer la phase des questions réponses, Mounir a parlé de son isolement et de sa situation carcérale, qu'il qualifie de mauvaise. Le président lui fait savoir que la justice a finalement décidé de le traiter comme tous les autres prisonniers à partir de mercredi après-midi. Mounir relata l'affaire depuis son début, le jour d'une bagarre entre deux bandes de malfrats, la police avait trouvé une arme à feu qui était supposée lui appartenir. Il a nié toutes ces accusations à l'encontre des inculpés Malgré les précisions données sur ses relations avec le préfet de la wilaya de Tétouan et sur le chef de sûreté de la même ville, il a expliqué à la cour qu'il s'agit d'un règlement de comptes entre autorités. Une déclaration qui a été corroborée par Mohamed Sékouri au moment de son interrogatoire. Une chose est certaine, Erramach s'était déjà présenté accompagné d'un autre contrebandier à la maison de Mohamed Sékouri lorsque ce dernier était chef de sûreté à Tanger. La personne en question lui avait demandé d'intervenir auprès des autorités de Tétouan pour cesser leur recherche. Mounir devait répondre à des poursuites judiciaires relatives à un accident de circulation et dans une autre affaire de contrebande. La première, il était dépourvu d'assurance et la seconde fait état d'un mandat de recherche pour vente illégale de cigarettes. Ce qu'il faut surtout préciser, c'est que Mounir n'a jamais été écroué pour trafic de drogue et jamais aucun mandat d'arrêt n'a été lancé à son encontre dans ce sens. Et, même dans cette affaire, il n'est pas poursuivi pour trafic international de drogue. Les accusations de la cour se limitent au niveau de la corruption et de la contrebande. Il a reconnu faire de la contrebande de cigarettes. D'ailleurs, il ne peut pas le nier vu ses antécédents de trois condamnations. Quant à la corruption, il a déclaré que toutes les sommes écrites dans le rapport de l'enquête et de l'instruction ont été inventées. Pour lui, les 5 millions de DH donnés à Sékouri après sa mutation de Tanger à Tétouan, n'existent pas. Pour l'instant, les déclarations de Mounir Erramach semblent aller dans ce sens. Il a même déclaré n'avoir jamais trempé dans le trafic de drogue et aucune saisie de stupéfiants n'a été faite. Pour ce qui est de sa relation avec l'autre trafiquant, en l'occurrence Mohamed Ouazzani, les deux mis en cause affirmant en chœur qu'ils ne se connaissent pas et ne se sont jamais rencontrés. Quant à Mohamed Sékouri, il a souligné que durant l'exercice de sa fonction en tant que responsable de la police de Tétouan, il tenait des réunions mensuelles avec les responsables de la Protection civile, des Forces auxiliaires, de la Gendarmerie et de la douane. Il a ajouté que si réellement Erramach est un grand trafiquant, un baron de la drogue, tous ces corps doivent partager la responsabilité. En attendant la suite des interrogatoires et plus particulièrement celle de Ouazzani qui avait lui aussi accusé les magistrats et le préfet, la prochaine audience est fixée pour mardi prochain.